(26-28 juillet 2016)

            Je vais narrer une incomparable et inoubliable randonnée, en faisant ressortir mes erreurs, ou au contraire de « bonnes pratiques », ou encore en mettant en exergue quelques dangers, dans le but d’édifier, sur quelques points, plus ou moins importants, les éventuels candidats.

            Il faut d’abord souligner que le SRHP est une authentique galère ! Pourtant, sa conceptrice, Sophie MATTER, présentait son œuvre de façon plus alléchante, en 2009. Elle écrivait : « l’organisatrice, qui a refait l’épreuve cette année (après une première expérience en 2008), peut vous le confirmer : une super randonnée est une merveilleuse ballade touristique, mais c’est aussi une authentique aventure ». Première homologuée en mai 2009, Sophie avait couvert les 611,5 km et les 10800 m de D+ en… 37H34 ! Le 4ᵉ homologué, le célèbre cyclo grenoblois Jean-Philippe BATTU, grand organisateur de BRM montagnard pour le compte de l’Amicale des Diagonalistes de France (dont il tient le site internet), avait réalisé 49H48 début septembre 2009. Le délai était alors de 50H, contre 51H aujourd’hui, en formule « randonneur » ( la formule « touristique » n’impose qu’un minimum de 80 km par jour).

            Début juillet 2012, avec Pierre, on s’était lancé sur cette SRHP, en démarrant à 18H (Jean-Claude CHABIRAND était parti six heures après nous-cf. Son récit sur le site ACP- organisations-Super-randonnées). 24H plus tard, on était à Malaucène au km 400, après avoir franchi les deux crêtes du Verdon, deux cols des préalpes de Digne, la Montagne de Lure et trois autres cols. On avait dîné, puis dormi à l’hôtel, avant de repartir à 3H du matin, après 9H d’arrêt, de gravir le Ventoux, puis le col des Abeilles, puis une vingtaine de bosses avant de retrouver le point de départ, le village de Carcès, dans le centre-Var, le tout en 46H45.

            Nous avions pu ainsi faire partie des douze cyclos de la première promotion des « randonneurs 10000 », nouvellement créés par l’ACP ; pour cela, il fallait compléter le cursus du « randonneur 5000 » (une flèche Vélocio, au moins un BRM de chaque catégorie : 200, 300, 400, 600, et 1000, un PBP et le « complément kilométrique », en BRM ou « flèches » catégorie argent ou or) par une seconde série de 200, 300, 400, 600 et 1000, d’une part, par un 1200 autre que PBP et le « complément kilométrique » d’autre part, ainsi que par une « super randonnée » version « randonneur ».  Comme l’a souligné Jean-Gualbert FABUREL lors de la traditionnelle réception de l’ACP en janvier 2016, cette dernière épreuve est sans doute la plus difficile de toutes celles du « R10000 ». Le taux d’échec est assez élevé : ainsi, sur la SRHP (la première créée : depuis 2009, plusieurs autres ont été lancées, dans le Dauphiné, dans les Pyrénées, en Bourgogne, dans le Pays basque, avec toujours le même « cahier des charges » : au moins 600 km et 10000 m de D+ ; voir le site internet de l’ACP), j’ai été le 138ᵉ inscrit cette année, mais seulement le 90ᵉ homologué, et ce en incluant les « formules touristiques ».

            Pourquoi ce choix de retenter seul, cette année, cette super-randonnée ? L’idée m’est apparue  début juin : me trouvant trois semaines en vacances dans le Var comme chaque année en juillet, avec une voiture disponible pour aller à Carcès, à 70 km, et y stationner, le « créneau logistique » était idéal. En outre, je disposais d’une douzaine de jours d’entraînement aux spécificités de l’exercice : chaleur et montées. Le problème, justement, était un premier semestre cycliste « poussif », notamment pour des raisons professionnelles, tant sur le plan quantitatif (environ -25 % de km par rapport à la moyenne des 4 années précédentes) que qualitatif (un bon tiers de ces km ont été réalisés sur home-trainer, ou à Longchamp). Certes, une demi-douzaine de courses GS (4eme catégorie) UFOLEP, ainsi qu’une « cyclosportive » ont assuré une forme minimale, la flèche Vélocio de mars et l’expédition avec Jean mi-juin (500 km en deux jours en Bourgogne) ont maintenu un niveau d’endurance correct, et la « sortie de club » Sceaux-Pierrefort de mai 681 km en 4 jours) a permis de franchir de sympathiques cols cantalous. Mais nos pique-niques cyclos et dîners conviviaux et bien arrosés n’ont guère contribué à m’ « affûter » et, début juillet, j’ai 4 kg de plus qu’en 2012 sur la balance ! Aussi, je compte justement sur cette préparation, même courte, et sur la SRHP, pour perdre du poids et retrouver un meilleur rendement en vue de la fin de saison, à commencer par les « 24H du Mans  en solo » fin août. Enfin, le choix de la SRHP a aussi été motivé par la perspective d’une forte probabilité de temps sec, en juillet en Provence, ainsi que, par une bonne connaissance du parcours, évitant les fastidieuses recherches cartographiques (je n’ai pas de GPS).

            La préparation se déroule correctement, même si je roule un peu moins que prévu, pour des impératifs familiaux. Je vais quand même grimper le col de Turini et effectuer, au-dessus, le circuit de l’Authion où on approche les 2000 m, une semaine avant. Je fais en tout plus de 600 km en douze jours, avec de nombreux petits cols varois et des tests chronométrés (médiocres). La veille du « jour J » (26 juillet), la météo se présente bien : « quelques gouttes » sont prévues par un « météorologiste » de la TV, sur le Mercantour, donc loin de l’extrémité Est de la SRHP, avec un mistral pas trop fort (60 km/h). Je confirme donc à Sophie mon départ à 14H, heure choisie notamment pour effectuer la descente de la « route des Crêtes » alors qu’il devrait faire encore jour (cf. Avertissement de l’organisatrice : « nous déconseillons fortement aux randonneurs d’emprunter la Route des Crêtes de nuit (Gorges du Verdon), car la descente vers le refuge de la Maline, sans visibilité, est très dangereuse »). Cet horaire présente aussi l’avantage de bien dormir la nuit précédente, et de ne faire « que » deux nuits sur la randonnée. Il doit aussi permettre d’éviter le pic de chaleur pour les deux grandes montées, Lure (le matin) et le Ventoux (en soirée), ainsi que pour celles qui suivent au niveau de la difficulté (route des crêtes, en soirée, Fontbelle, les Abeilles et l’Espinouse, de nuit). La longue et délicate descente de Lure est faite en journée. L’inconvénient principal est de démarrer en pleine chaleur.

            En ce début d’été, notre CTV Sceaux est sur tous les fronts des épreuves de grande distance, même si c’est en ordre dispersé et individuel : Pierre a réussi la diagonale Menton-Brest début juillet, Denis a bouclé le PBP audax, GG est en train d’enchaîner les plus longues flèches de France, David va prendre le départ de Bruxelles-Strasbourg-Bruxelles (BRM de 1200 km)… Pas mal, après les participations massives du club au printemps (13 cyclos, en 3 équipes sur la flèche vélocio, 24 cyclos sur Sceaux-Pierrefort…) !

            Le 26 juillet, qui devait marquer la fin de l’état d’urgence, les radios ne parlent que du dernier attentat, le matin même à Saint-Étienne du Rouvray. J’arrive peu avant 13H à Carcès où je me gare sur un grand parking (place Respelido), mange une grosse platée de riz au thon et tomates, prépare sacs et vélo, puis roule vers la rue commerçante. J’avise un bar ouvert, le « Pitchoun », et ce sera un bon choix : le magnifique « Pinarello » accroché dehors appartient au patron. Il grimpe des cols, et a fait « la Bonnette », face nord ! On en cause. Il tamponne ma carte. Je lui explique le principe de ce genre de randonnée. Il connaît Sophie, pour avoir roulé un peu avec elle ! 14H approche : il vient voir mon vélo, garé dehors avec un anti-vol, que j’emporte systématiquement. On évalue à 6-7 kg le total de mon chargement, sac et sacoche compris : dans cette dernière, dans le prolongement de la selle, j’ai rangé l’antivol, un pneu de rechange, 4 chambres à air, une seconde pompe, une clé multifonction, un couteau suisse, un dérive-chaîne (dont je ne sais pas me servir), des patins de frein et une cale de rechange, 7 sachets d’Isoxan, trois bananes, des vitamines, deux gros tubes de lait concentré, trois cartes routières, une chasuble, des papiers journaux et, après hésitations, un imperméable. Dans le sac à dos, j’ai, dans un premier sac plastique, des « affaires d’hiver » (jambières, bonnet, gants) et un coupe-vent, dans un second, tout un ravitaillement (pain complet, rillettes de thon, biscuits, etc), et dans un troisième les deux appareils photos-un numérique et un « jetable »- nécessaires pour les contrôles. Le reste se trouve dans les poches arrière (portefeuille, parcours, édition du mail de Sophie renseignant sur les points d’eau et les commerces, téléphone, crème solaire, baume à lèvres, barres de céréales…).

            Vers 14H05, je franchis le panneau de sortie de Carcès et entame les premiers « faux-plats » évidemment montant qui mènent à Cotignac : en 7 km, déjà 95 m de D+ ! La première côte significative se présente en sortant du village : on doit bien prendre 120 m en moins de 2 km ! Je ressens la forte chaleur du Centre-Var en juillet : 32-33° à l’ombre, mais pas d’ombre dans cette bosse ! Et ça continue de monter irrégulièrement après Sillans-la-Cascade, où j’apprécie une mini descente et un brin de fraîcheur. La progression dans la pinède est pénible. Enfin, ça redescend sur Aups, gros bourg du Haut-Var : km 22 et déjà altitude 493 ! Aups compte un peu plus de 2000 habitants. Il y eu là une petite bataille entre les résistants républicains, nombreux dans le Haut-Var et dans les Basses-Alpes, et un régiment participant au coup d’État du 2 décembre 1851. Je fais un premier « arrêt-fontaine », pour boire de l’eau fraîche, remplacer l’eau réchauffée de mes bidons et mettre dans le plus grand le contenu d’un sachet d’Isoxan. Je repars assez vite pour grimper un premier petit raidar dans le contournement du centre-ville, avec pour la première fois le plus petit de mes trois plateaux, avant d’attaquer le premier col, de la Bigue : 280 m de D+ en 6 km. La chaleur me freine, et par ailleurs, je suis surpris par l’intensité de la circulation en ce milieu d’après-midi. Passé le col, c’est enfin une vraie longue et belle descente, sur une large route roulante, permettant d’admirer une magnifique vue, allant du Ventoux à l’ouest jusqu’aux montagnes surplombant le Verdon, au N.E. C’est par là que je vais, prenant la petite départementale menant à Aiguines. Il y a déjà beaucoup moins de voitures. La route reprend progressivement près de 200 m de dénivelé avant d’en reperdre 80 en descendant sur Aiguines, surplombant l’immense lac de retenue de Sainte-Croix, alimenté notamment par le Verdon. À Aiguines, commence la route panoramique des Gorges du Verdon, rive gauche. L’altitude passe de 789m à 1202m au col de Vaumale. Avant le col, la « source de Vaumale » est à 1180 m, au km 47,5.

            J’y suis exactement à l’heure que j’avais prévue sur mon tableau de marche : 17H30… soit quand même 1H de plus qu’en 2012 (avec Pierre, on s’était relayé dans les faux-plats montants, il n’y avait pas de vent de face, on ne s’était pas arrêté à Aups, et, en partant à 18H, on avait un meilleur rendement, le pic de chaleur étant passé… et surtout, comme je l’ai déjà dit, j’ai 4 ans et 4 kg de plus!). Je prends le vélo en photo sous le panneau indiquant la source : c’est le premier contrôle. Je bois beaucoup, me rince abondamment le visage pour évacuer le sel, et fais le plein des bidons avant de repartir. Le ciel se couvre et, à cette heure, en altitude, je supporte bien le coupe-vent et le journal pour les longues descentes, qui succèdent aux montées. J’ai souvent pris cette route, mais ne me lasse jamais des vues plongeantes sur le vert Verdon, notamment aux tunnels du Fayet. Les nuages s’amoncellent sur les hauteurs, vers le sud-est, mais aussi sur l’autre rive, au nord. Passé le pont sur l’Artuby, j’entends de lointains coups de tonnerre. J’aurais pu m’arrêter sous une terrasse du dernier bâtiment avant de quitter les gorges et de grimper sur la route de Combs, pour franchir la « côte 1004 », mais il ne pleut pas et il me semble que ma route va vers ce coin de ciel bleu qui subsiste vers l’est. Dans la montée, il y a des éclairs, puis du tonnerre de plus en plus rapproché, puis les premières gouttes, chaudes et espacées. J’accélère : je crois pouvoir m’extraire de l’orage qui est désormais dans les gorges. Une voiture ralentit à ma hauteur : la jeune conductrice me demande si « ça va » ? Je lui réponds par l’affirmative : l’ « orage est derrière » : elle confirme qu’elle vient de se prendre une belle averse, puis elle disparaît à l’horizon ! Celui-ci se révèle vite, au franchissement de la « côte 1004 » : ça flotte fort « droit devant », dans la forêt où la route descend en pente douce. D’un coup, la pluie est sur moi, accompagnée d’éclairs et de coups de tonnerre immédiats ! Je sais qu’il ne faut pas aller sous les arbres, mais je ne suis pas plus à l’abri du coup de foudre seul sur la route ! C’est un déluge. À la pluie succèdent de gros grêlons ! La maigre végétation de la forêt de chênes laisse passer l’eau, mais les grêlons sont quand même un peu amortis quand ils s’entrechoquent sur mon casque ! Le tonnerre doit résonner dans les gorges, car le bruit est dantesque ! Comme ça dure, je veux « optimiser » l’arrêt en mangeant un peu. J’ai envie de chips, salés et calorifiques ! Je les cherche dans le sac plastique de ravitaillement, et, ne les trouvant pas, je me décide de mieux fouiller : l’eau dégouline alors du casque, notamment, s’engouffrant dans le sac à dos et même dans le sac plastique de ravitaillement ! Pas de traces de chips : je les ai oubliés ! J’ingurgite tristement une barre de céréales, puis finis par repartir : l’orage s’est éloigné et la pluie est moins intense. J’ai évidemment mis le gore-tex, mais ça s’est tellement rafraîchi, après la canicule de l’après-midi, que j’ai du mal à maintenir le guidon, pris par la « tremblotte » ! Je quitte vite la route de Comps pour entamer la forte descente sur Trigance, beau village surmonté d’un château. La route n’est plus qu’un torrent, même s’il s’est arrêté de pleuvoir, et j’use évidemment pas mal mes patins ! Heureusement, l’eau de la route est chaude et semble propre ! Arrivé dans la vallée, je fais le plein d’eau à la fontaine du village de Soleils (!) et inventorie les « dégâts » de l’orage : au moins 3/4 d’heure perdus, les journaux pour les descentes trempés et inutilisables, les trois cartes routières pas assez protégées (comme dit Pierre, il faut systématiquement un double plastiquage) un peu mouillées, et, évidemment, moi-même humide à souhait : ce n’est pas cette nuit, malgré le vent, que mes pieds vont sécher !

            À Pont de Soleils, je franchis le Verdon et tourne à gauche, vers l’ouest, quittant le département du Var, au km 85, pour entrer dans les Alpes de Haute-Provence et attaquer la rive droite du Verdon. L’altitude est plus basse : 652 m : il fait plus chaud et le ciel est redevenu bleu. La route remonte progressivement, en deux montées douces, deux descentes, et une montée finale plus abrupte, vers le sommet de la route des Crêtes, à 1320 m. Après la pluie, la luminosité est exceptionnelle et les vues sur les montagnes sauvages où stagnent les nuages valent à elles seules ce voyage ! En milieu de la seconde montée, il se remet à pleuvoir, mais je ne remets pas l’imper, préférant être trempé de pluie plutôt que de sueur ! Heureusement, le ciel bleu gagne du terrain, et avec lui les étoiles qui commencent à apparaître. Le jour s’en va déjà comme je prends les photos du second contrôle, sous le panneau touristique de la route des crêtes, à côté d’un camping-car qui va y passer la nuit ! Et, comme en 2012 hélas, je me lance de nuit dans la descente vertigineuse au-dessus des gorges. Heureusement, depuis l’an dernier, j’ai une lumière à batterie très performante. Je vois bien les éboulis et les immenses mares sur la route, qui est en sens unique désormais, pendant toute la descente (ce n’était pas le cas en 1977 quand j’avais pris cette route panoramique pour la première fois, dans l’autre sens). La route remonte ensuite sur La Palud-sur-Verdon. Je regarde, nostalgique, l’auberge de jeunesse découverte il y a quarante ans, constituant la première étape d’une remontée cycliste Menton-Paris, via 7 de ces auberges ! J’avais alors 18 ans et pouvais emmener 52-43/15-23 malgré les sacoches ! Au lavoir du village (très animé : il y a du flamenco!), nouveau plein d’eau, et repas : je me fais deux sandwiches aux rillettes de thon, vide l’eau qui était au fond du sac plastique contenant les vivres (cf. Supra!), puis repars continuer la grimpette vers le col d’Ayen, en pente douce (100 m de D+). C’est ensuite une longue descente vers le lac de Sainte-Croix.

            J’évite bien Moustiers-Sainte-Marie (il y a 4 ans, on avait traversé le village) et attaque la bosse menant au plateau de Valensole. Je regrette un peu de n’avoir pas ôté le coupe-vent : la nuit est douce, et il fait chaud, avec la chasuble en 3ᵉ couche, mais comme de nouvelles descentes arrivent, je ne m’arrête pas. Après quelques kilomètres de descente sinueuse, je franchis l’Asse, affluent de la Durance, et fais une longue pause au robinet du cimetière de Bras-d’Asse, avant d’attaquer le col d’Espinouse (alt.838 m) : 350 m de D+ en 10 km : ça reste raisonnable, même si c’est toujours dur, de nuit. La nuit n’est pas très claire, avec seulement une demi-lune, mais le Mistral a définitivement chassé les nuages : les étoiles sont à foison dans le ciel. Comme pour la plupart des cols qui suivront, désormais, il y a un panneau kilométrique annonçant l’altitude, la distance du sommet, et le % moyen du km à venir, ce qui occupe bien l’esprit ! Troisième contrôle au col d’Espinouse, et donc photos. J’ingurgite régulièrement des biscuits et du lait concentré. La route est étroite et la descente sur la vallée de la Bléone est périlleuse, avec des virages marqués. Il vaut mieux éviter de contempler au loin les lumières de Digne ! Une fois la rivière au vaste lit traversée sur un pont neuf, il faut prendre la RN 85 (« Route Napoléon » sur 2 km : le gros avantage de la nuit est l’absence du « trafic » annoncé sur la feuille de route ! Nouveau plein d’eau aux toilettes de Grillons. Je remplis aussi une bouteille d’un litre en réserve dans le sac à dos, car il n’y en n’a plus jusqu’après le col de Fontbelle. Celui-ci n’est pas facile : plus de 800 m de D+ pour franchir ses 1304 m. Il est dans 27 km, mais la première partie est en léger faux-plat montant, dans une vallée peu peuplée.

            C’est là que je verrai un sanglier traverser et fuir dans un bruit impressionnant. La nuit est propice à toutes sortes de rencontres animales : chats en vadrouille dans les villages, renard, écureuil, blaireau, lièvres, pour me limiter à mes visions de ces deux nuits. Il y a quatre ans, Pierre avait pu photographier des bouquetins au sommet du Ventoux. Cette année, je ne les ai pas vus, mais ai souvent entendu des bruits dans la nuit et des pierres qui roulent… c’est un des dangers de la randonnée nocturne, avec aussi et surtout le risque d’être renversé par un sanglier traversant la route, comme ça avait failli nous arriver, avec Jean, dans le BRM de 1000 km de Troyes en 2010, en Sologne. J’ai aussi cru voir un ours en train de dormir sur la route du col des Abeilles à la fin de la 2ᵉ nuit, mais je devais probablement être un tantinet émoussé pour avoir ces hallucinations !

            En attendant, le jour se lève comme je termine de grimper le col de Fontbelle. Il est presque 6H quand je prends les photos du vélo pour ce quatrième contrôle. C’est le km 211 : plus du tiers de la randonnée est effectué, mais j’ai déjà perdu 3H30 par rapport au temps de passage de 2012 (6H30) ! Il fait un peu frais, mais je ne mets pas les jambières. Comme je m’arrête un quart d’heure pour somnoler au soleil levant, à mi-descente (entrecoupée d’une bonne remontée de 100 m de D+), l’hémorragie n’est pas près de s’arrêter ! La descente sur la Durance et Sisteron est longue, mais très « panoramique ». A trois reprises, je croise de gros camions de transport de bois qui montent vite, à vide, et ne laissent que peu d’espace pour passer !

             À la sortie de Sisteron, petit arrêt à une boulangerie où je savoure un flan. Puis je gagne Saint-Étienne-les-Orgues : 200 m de D+ en 30 km : il y a quatre ans, je ne m’étais pas aperçu de cette configuration : on roulait tellement fort avec Pierre qu’on avait loupé la petite route rejoignant directement la D951 (détour de 500M!) ! Je m’arrête à une source pour me nettoyer le visage: il fait déjà chaud, et je mets ensuite la crème solaire. A Saint-Étienne, je trouve une supérette peu avant le début de la montée sur Lure. Je n’ai grimpé que trois fois cette montagne magnifique, pour la première fois en 1986 (préparant, fin mai, PBP audax). À la supérette, j’achète notamment du pain et du gruyère, ainsi que de l’eau à bulles, et fais tamponner la carte de route : donc, pas besoin de photos pour ce cinquième contrôle ! J’entame ensuite les 1040 m de D+ en 18 km menant au sommet de la montagne de Lure (1747 m); le contrôle est 3 km plus loin, en contrebas, au Pas de la Graille. Là, je cause avec des touristes de Pellussin (42), qui me prennent en photo avec le vélo, pour le sixième contrôle : il est 13H : j’aurai donc mis 3H pour 21 km, ce qui est plutôt médiocre, même si je me suis arrêté un bon moment au bistrot (refuge) de l’ancienne station de ski (fermée en 2011), pour boire un café et manger des gâteaux ! Le patron me dit qu’il est envisagé d’y faire une arrivée du Tour, à l’instar de Paris-Nice, dont deux étapes y ont fini, en 2009 et 2013. Il m’est souvent venu à l’esprit, pendant cette grimpée interminable, d’abandonner et de faire demi-tour : je pourrais ainsi rejoindre Carcès avant la nuit et éviter une seconde nuit sur le vélo, ou quasiment, car j’ai désormais 5H de retard par rapport à 2012… Les vues sont grandioses, et il y a bien moins de touristes qu’au Ventoux, dont Lure est le prolongement. Bon, « aléa jacta est » , pas question d’abandonner : je bascule dans la pénible descente, par sa longueur et, parfois, le mauvais état de la route (ce qui reste l’exception tout au long de cette SRHP).

            J’arrive en pleine chaleur à l’altitude 500, dans la vallée du Jabron, affluent de la rive droite de la Durance. Ce Jabron coule sur 36 km et prend sa source vers le col de la Pigière, qui est à 968 m d’altitude. Je remonte la vallée sur 26 km, en faux plat, puis sur des pourcentages raisonnables, pour passer ce col! Après 3 km de descente, 4 km un peu plus difficiles mènent au col de Macuègne (1068 m), où je prends les photos du septième contrôle. Après 10 km de descente sur Montbrun-les-Bains, un peu de plat au pied du Ventoux, et une remontée de seulement 132 m de dénivelé, je passe au col des Aires, puis son prolongement, le col de Fontaube. Il est déjà 18H05 à ce huitième contrôle, mais comme on n’est qu’à 635 m d’altitude, la chaleur est encore bien prégnante. À chaque arrêt, je me fais un petit sandwich de pain complet/gruyère, qui « passe » très bien. J’arrive sur l’Ouvèze, donc désormais dans le bassin du Rhône. C’est un des rares endroits où j’ai consulté une de mes trois cartes routières, afin de m’assurer de l’absence d’erreur dans une progression qui me semble interminable, ne voyant plus la face nord du Ventoux, suivie d’est en ouest depuis Montbrun. Il est 19H30 quand je parviens au village d’Entrechaux, après une bonne bosse. Malaucène et le pied du Ventoux sont encore distants de 7 km et je crains la fermeture des magasins à mon arrivée. Voyant une supérette ouverte, je vais acheter des biscuits salés et sucrés et, surtout, deux bouteilles d’eau de Vichy. J’en vide une, buvant et remplissant le bidon dédié à l’ « eau claire » (l’autre contenant l’eau « à l’Isoxan »!) et mets la seconde dans le sac à dos.

            Il est presque 20H à Malaucène. J’ai mis 30H pour presque 400 km, à 16,4 de moyenne roulée, au compteur. En 2012, nous avions mis 24H, et j’avais 19,6 au compteur. Nous avions alors pu nous arrêter 9H (cf. Supra), avant d’ « attaquer » le Ventoux à 3H. Aujourd’hui, évidemment, pas question d’arrêt : en repartant immédiatement, les 6H de retard se transforment en 3H d’avance par rapport à 2012, mais cette avance va très vite fondre comme neige au soleil ! Il y a un monde fou aux terrasses des bistrots et restaurants de Malaucène. J’avance dans l’artère principale sans trouver de commerce où je pourrais faire le pointage du neuvième contrôle sans trop gêner le service. Je dépasse le carrefour de la route du Ventoux et arrive à une grande fontaine, où je me « débarbouille » et fais encore le plein d’eau. Je vais donc partir avec les 125 cl des deux bidons, les 125 cl de la bouteille de Vichy et les 50 cl d’une autre petite bouteille. Ces 3 litres ne seront pas de trop pour les 4H45 qu’il me faudra avant la prochaine source, de l’autre côté du « Géant de Provence ». Manger et boire régulièrement sont évidemment vitaux dans ce genre d’expédition ! En attendant, il me faut le « coup de tampon ». Je reviens sur mes pas et tente ma chance dans un premier bar… « le tampon n’est pas là, le café vient d’ouvrir »… Heureusement, le serveur du second établissement (le restaurant « Bleu citron ») est plus compréhensif ! Muni du précieux pointage, je me lance dans la montée.

            Le Ventoux… « Vieux salopard », comme le surnommait affectueusement un ancien septuple vainqueur du Tour de France… Petite transition avant de basculer dans un autre monde : il fait encore bien jour, la pente n’est pas forte au début, et il y a encore quelques touristes, avec notamment encore un grand restaurant sur la route. Bien vite, le jour s’en va, la pente est plus rude, et il n’y a plus personne. Trois ou quatre cyclistes dévalent la montagne, dont un couple que j’ai croisé du côté du col des Aires : ça me rassure, qu’ils aient pu passer le Ventoux, malgré le fort mistral. Il était indiqué à 60 km/h à la météo d’avant-hier, mais il était à 100 km/h lors de la récente arrivée du Tour, justifiant l’annulation de la fin de parcours. Mon compteur indique le plus souvent 7 km/h, mais je m’arrête tous les 3-4 km, au prétexte de vider progressivement l’eau des bouteilles du sac à dos ! Mon corps a vraiment besoin de cette Vichy : il faut croire que les sels minéraux et les oligoéléments des sachets d’Isoxan sont encore insuffisants, compte tenu des pertes dues à la chaleur de deux après-midi ! Après une douzaine de kilomètres, je me dis qu’il faut commencer à se restreindre en eau, et que finalement ça aurait été pire si j’avais entamé la montée à 18H, comme je l’avais noté dans mon plan de marche. Là, la nuit apporte de la fraîcheur. Dans la forêt, le vent ne se fait pas trop sentir. Je regarde les lumières de la plaine du Comtat Venaissin, qui montrent qu’elle est très peuplée. Je ne vois aucune voiture pendant les deux dernières heures de la montée. Il y a deux kilomètres très pénibles, à 10 et 11 %. Je suis à 5 km/h, et ai bien envie de jouer les FROOME, mais comme je ne peux pas me séparer du vélo, je courrais certainement à moins de 5 km/h ! 500m de « replat » au niveau de la station de ski du Mont Serein me font le plus grand bien. Je m’arrête quand même encore 2 ou 3 fois, une petite minute, pour grignoter des gâteaux salés et boire quelques gorgées désormais restreintes ! Parfois j’entends des pierres rouler, bougées par je ne sais quelle bestiole ! Enfin, c’est la rocaille, et les clignotis rouges de la tour météo du sommet se rapproche. A 23H30, je me hisse au panneau ! 3H30 : 6 km/h de moyenne ! En 2012, j’avais mis 2H45, soit près de 8 de moyenne, ne marquant aucun arrêt, pour ne pas être trop largué par Pierre ! En haut, le vent est fort, et j’ai tout de suite froid. Je dois me couvrir avant de prendre les photos : bonnet, jambière, coupe-vent, gore-tex, en plus du maillot et de la chasuble, puis gants d’hiver une fois les photos prises. Avec le vent, le vélo a du mal à tenir debout contre le panneau, couvert d’autocollants ! Je repense au titre du beau bouquin que mes copains du bureau du CTV Sceaux m’avaient offert à mon départ : « le Ventoux, sommet de la folie » ! Trois voitures de jeunes sont arrivées : ils chahutent joyeusement au début de la descente. On s’ignore totalement.

            Je repars avant eux, et roule à gauche, le long de la montagne, plus à l’abri du vent, et avec une meilleure distance de sécurité en cas de bourrasque latérale, venue de la gauche ! Les voitures des jeunes prennent aussi la descente et me doublent par la droite, en vrombissant. Ce sont hélas les candidats habituels à la rubrique des accidents dans les journaux locaux du lundi matin… Il faut dire que je freine beaucoup. Je ne vois évidemment ni le monument mémorial SIMPSON, ni celui de Pierre KRAEMER, dit « le Gaulois ». Je pense à ce cyclo célèbre, de l’UAF, mort de froid ici, le 2 avril 1983, après avoir escaladé le Ventoux enneigé par Malaucène, alors qu’il venait de la concentration Vélocio « Pâques en Provence »… Après le Chalet-Reynard, on est à l’abri du vent, mais la descente est encore plus raide. Heureusement, j’avais resserré les freins cet après-midi. Il convient d’être prudent : le magazine « civique » (juin-juillet 2016-N°233) cite le chiffre de 6 cyclistes tués dans les descentes du Ventoux en 2013. À mi-descente, le signal rouge de la lumière avant commence à clignoter, ce qui est annonciateur de l’épuisement de la batterie. Je ne le savais pas, l’an dernier, lors de la troisième nuit de PBP : la lampe s’est arrêtée brusquement, et non progressivement, comme avec une lampe à pile ! En descente, c’est évidemment le désastre assuré ! En fait, j’ai commis l’erreur de la mettre en position 3, la plus forte, alors que la position 1, plus économique, offre déjà un grand confort ! Donc, je m’arrête, et fixe une « Cateye » de secours, à pile, pour voir quand même en cas d’arrêt brusque de la lumière. Comme en position 1 le clignotant rouge s’est arrêté, je suis ainsi assuré de pouvoir finir la descente sans problème. Enfin, voici le « virage de Saint-Estève », qui marque la fin de cette « nuit sur le Mont Chauve » ! Je m’arrête à la première source, au mince filet d’eau, et remplis bidons et bouteilles, en prévision du bivouac de nuit. J’aurais dû attendre la source suivante, aux Bruns, au débit nettement plus fort ! C’est seulement là que je me dis que désormais je devrais finir dans les délais cette SRHP !

            Peu après, à Sainte-Colombe, avant de tourner à gauche vers Flassan, je vois l’hôtel « le Garance » : j’avais téléphoné il y a quatre jours : il y avait possibilité d’arriver à 22-23H et de repartir à 3H. Mais il est 1H ! Aussi, je commence à chercher un gîte au prix plus compétitif, et le trouve avant Flassan : une belle pelouse sous des oliviers ! Je me force d’abord à manger deux sandwichs aux rillettes de thon, mais ne peux finir le second. Puis je déploie la couverture de survie, mets le réveil du téléphone à 3H et essaye de dormir. Mais, même en ayant gardé toute la tenue hivernale, gants compris (ce qui protège des insectes), j’aurai un peu froid. En plus, je suis réveillé par deux ou trois voitures qui passent sur cette petite départementale. Une d’elles s’arrête, le conducteur voulant sans doute voir si je ne suis pas accidenté : il faut toujours essayer de s’éloigner de la route pour dormir. Je contemple le ciel étoilé, avec la Grande Ourse sur le Ventoux, où clignote toujours la lumière rouge de la tour météo au sommet.

            À 3H20, après avoir fini le lait concentré et mangé quelques biscuits, je repars. Plus que 172 km ! Très vite, ça grimpe, dans le gros village de Flassan, patrie de CARITOUX, le double champion de France, vainqueur de la Vuelta 1984, qui y est aujourd’hui vigneron. Je m’arrête pour ranger définitivement la tenue d’hiver, car j’ai cette fois trop chaud au pied du dernier col du parcours ! Les pourcentages ne sont plus ceux du Ventoux : 570m de D+ en 12 km. Pourtant, je grimpe à une vitesse d’escargot, sur le plus petit plateau, même si je n’ai pas « tout à gauche » comme dans le Ventoux. En plus, je ne lis plus les panneaux annonçant les caractéristiques du prochain kilomètre : j’ai coupé le phare, en prévision de la descente, et les piles de la Cateye devaient être usées, car elle expire progressivement ! Il me reste une petite loupiotte, suffisante à cette vitesse, avec aussi l’aide de la demi-lune ! Je ne vois une première voiture qu’au bout d’au moins une heure, en rejoignant la route plus fréquentée qui mène au col des Abeilles, à 1000 m d’altitude (ce seuil ne sera plus repassé jusqu’à l’arrivée). Il est 5H05 à ce onzième contrôle. Le jour arrive vite, le ciel étant totalement dégagé grâce au vent. La descente est très roulante et rapide. Avec le seul coupe vent, c’est un peu juste. Je regrette de ne pas avoir de journal : j’ai voulu en acheter hier, mais m’y suis pris trop tardivement : plus de presse à 19H30 ! Enfin, j’avance sur du plat, au pied du bourg de Sault : je regarde la moyenne roulée, remise à zéro à Flassan (car passés les 400 km, il n’y a plus d’indications) : 12,2 km/h !

            Elle ne progresse évidemment pas dans la montée vers Sault ! Pas de bar ouvert à cette heure, et la boulangerie n’a encore rien d’alléchant, genre flan ! Je prends un sac de viennoiseries d’hier, « soldées » ! Je me traîne ensuite sur le plateau d’Albion, où globalement ça grimpe : Sault est à 711m d’altitude, et le village suivant, Revest-du-Bion, à 16 km, est à 904m. J’ai le temps d’admirer le paysage féérique, avec le Ventoux qui commence à s’éloigner à l’ouest, et Lure qui se rapproche. Le bleu du ciel est immaculé. La lavande est omniprésente et embaume… GIONO en parle au début de son premier roman : « … le grand désert lavandier, le pays du vent, à l’ombre froide des monts de Lure » (Colline, 1929) (même si on est au nord de ces monts!) Avant d’arriver à Revest, j’ai terriblement sommeil, comme souvent aux premiers forts rayons de soleil. Je m’endors un bon quart d’heure en lisière d’un champ de blé, face à ces monts de Lure. Je repars mieux reposé, et en plus trouve un bistrot ouvert dans le village. J’avale quelques viennoiseries du stock constitué à Sault, avec un café double. Sur la route de Banon, deux carrefours comportent des panneaux indiquant le Contadour, hameau isolé au pied de Lure, QG de GIONO avant guerre. Il y refaisait le Monde avec ses disciples du pacifisme intégral… On est au cœur de sa Provence. Banon, c’est le douzième contrôle. Comme il y a 4 ans, je vais à la « boucherie des Alpes » pour un pointage. J’achète une grosse tranche de pâté en croûte que je savoure sur un banc, admirant le haut du village. Le sympathique boucher m’a rassuré : la célèbre librairie « le Bleuet », un temps en difficulté (à cause de l’échec de son extension dans le domaine des « ventes en ligne »), a été reprise et existe toujours, constituant le « poumon économique » de ce village d’un millier d’habitants.

            Commence en repartant une phase de « regain », en ce qui concerne ma moyenne, qui va remonter régulièrement au cours des 44 kilomètres suivants (jusqu’au pied du plateau de Valensole), du fait de plusieurs facteurs : une dénivelée globalement descendante (de 430 mètres), un vent favorable, une température encore fraîche sans être froide, un créneau horaire propice au bon rendement et un moral renforcé par la perspective de réussite. J’« envoie du lourd » dans les vallées qui suivent la descente de Banon, grimpe à un bon rythme sur Forcalquier (où je ne m’arrête pas, comme il y a 4 ans, pour le BPF), redescends sur une belle route sur la Durance (à La Brillanne, plein d’eau à une fontaine ombragée, malgré l’indication « non potable »… mais une riveraine me dit qu’elle la boit depuis des décennies!), pour trouver une circulation intense du côté d’Oraison, où je fais quelques emplettes pour le frugal déjeuner. La moyenne roulée est remontée à 17,4 au franchissement de l’Asse (à proximité de son confluent avec la Durance). Ce sera sensiblement la même moyenne qu’à l’arrivée à Carcès tout à l’heure.

            En effet, passé la rivière, les choses se corsent à nouveau: il s’agit de traverser dans un axe SSE le plateau de Valensole, qui n’a de plateau que de nom : délimité au nord par l’Asse, à l’ouest par la Durance, au sud par le Verdon et à l’est par les premières montagnes de Moustiers-Sainte-Marie et de St-Jurs, il est incliné d’est (7 à 800 m d’alt.) en ouest (400 m environ) et traversé suivant le même axe par de nombreuses petites rivières. Donc, entre l’Asse (alt.336 m) et le Verdon (alt.360 m), la D15 suivie par la SRHP emprunte une dizaine de bosses sur une quarantaine de kilomètres, et ce à basse altitude et en pleine chaleur, ce midi! La première côte, qui monte sur le « plateau », est la plus longue : 5 km sur un revêtement rugueux, dans une forêt, mais avec peu d’ombre ! Les vues sont magnifiques sur les rares portions de plat, sur les points hauts, dans les champs de lavande, moins odorants que ce matin avant Banon : montagnes au-dessus du Verdon, pré alpes de Digne, sommets dénudés de Lure et, au loin, du Ventoux. Sur cette portion, je fais du 16 km/h de moyenne roulée, et deux arrêts : un pique-nique rapide, et le café-double/viennoiseries à Allemagne-en-Provence, contrôle N°13 (14 en comptant le départ), à 12H45, à l’unique bistrot, à côté d’une fontaine, de ce village si agréable, avec un beau château, oasis de fraîcheur dans une petite vallée verdoyante. J’ai du mal à la quitter pour terminer ce pénible épisode de « montagnes russes ».

            Il s’achève au pont sur le Verdon. Il y a du monde, et beaucoup de kayaks sur ses eaux vertes ! Il reste 32 km. La route remonte progressivement à 470 m d’altitude vers Monmeyan, pour redescendre par paliers jusqu’aux 135 m de Carcès. Les quelques modestes remontées me semblent particulièrement difficiles. Dans la descente de Cotignac, je ressens la canicule et la prise de 2 ou 3 degrés supplémentaires. Mais, poussé par le vent, aidé par le faux-plat descendant, cette fois c’est gagné ! J’entre dans Carcès et mets sur la carte l’heure d’arrivée au bar « Pitchoune » : 15H47. J’ai donc mis 49H47, trois heures de plus qu’en 2012 (et 12H de plus que Sophie). Le patron me félicite. Je prends une bonne bière fraîche, et on cause un peu, avec un couple présent au bar : ils connaissent aussi Sophie… « on la voit tout le temps sur son vélo » ! Je retrouve la voiture surchauffée et rentre sur Toulon.

            Heureusement que le vent était favorable le dernier jour et que j’avais mon vélo avec le cadre en carbone : je constate que je n’ai plus guère de marge par rapport au délai maximum : une heure ! J’ai sept fois plus de « marge de déclin » sur un PBP (fini 15H avant le délai en 2015, pour un kilométrage double). Cette SRHP et ses nombreux moments de galère a renforcé la conscience de mes limites, au vu de l’érosion des performances, tant par rapport aux données récentes et précises d’il y a 4 ans, que par rapport aux souvenirs lointains d’il y a 30 ou 40 ans, sur certains de ces cols… Néanmoins, le déclin peut être enrayé à court terme en perdant 3 ou 4 kg et en emportant moins de matériel (pneu, outillage, cartes routières…), en prenant ainsi le risque de « rester en rade » ! La grosse sacoche arrière, que je n’avais pas en 2012, était de trop.

            En conclusion, je cite à nouveau le texte de la présentation des super randonnées par Sophie : « les participants, autant Touristes que Randonneurs, ont été enthousiasmés, à la fois par la beauté des paysages, mais aussi par la grandeur du défi, quelle que soit la catégorie choisie. Tous soulignent l’intense sentiment de bonheur éprouvé lors de leur réussite ».  C’est aussi mon cas, car je n’étais pas sûr du succès, au moins jusqu’au passage du Ventoux. Aussi il est peu probable que je retente une SR en « randonneur » ! Trop difficile à mon âge ! Mais la SRHP ou d’autres SR en formule « touristique » font partie de mes projets ! En effet, ce sont les routes les plus belles qui sont sélectionnées dans une super-randonnée !   

            Merci à Sophie, et merci à l’ACP pour ces belles inventions et pour tout le travail d’organisation qui en découle, d’autant que des « super-randonnées » sont aujourd’hui créées dans certains pays étrangers!

Bertrand AFFRES,  Cyclotourisme de la Ville de Sceaux

Le récit et les photos de patrice Courel sont disponibles via le lien suivant : https://photos.google.com/share/AF1QipOR4_6gxr8vBTS8KuZguRxH-7IjoYETbFvt898_0G9l6JDXQKdafuyjD8Qwz7rQPg?key=a1lTQ1A1Y3Juczg5Q00zU3BYQVkyNDBNcGpmVGlR

Gigondas-Ouais ! Gigondas, pour le cépage : c’est un super bon cru.

Pour le reste, Il faut voir : avec 24 inscrits et 23 arrivants, le CSPA se classe 2ème au challenge des traces de cette année.

Premiers avec 31 participants, nos amis Nimois qui sont venus en terre de Provence conquérir leur trophée… mais, ils ne perdent rien pour attendre (sic) : En 2017, nous irons, (j’allais dire reconquérir « notre bien » puisque de fait, le CSPA a été plusieurs années en tête de ce super défi) à Venejean en Languedoc et de surplus dans leur fief du Gard, lutter et remporter, si possible, ce concours annuel ! ? … Promis, juré, vous marquez d’ores et déjà sur vos tablettes ! !

-2016 –pour le CSPA : 4 traces de 6 mais, entre les indécis, ceux qui jettent l’éponge et les amis s’inscrivant tardivement, j’ai dû revoir plusieurs fois les équipes en tenant compte des amitiés et affinités sans parler de niveau. Recherche d’un gîte adéquat pour la nuit dès la mi-décembre, et ce ne fut pas facile de le dénicher. Fort heureusement, en janvier, après moult recherches, j’ai trouvé à Buis-les-Baronnies« le cloitre des Dominicains », gîte 3 étoiles datant du 12ème siècle, m’a-t-on dit. Le top… et je crois que les traceurs sont unanimes pour le confort des chambres et les prestations restaurant « simples mais adaptées aux efforts des cyclotouristes !… » Hélas, malgré le site et les lieux prestigieux, il n’y a pas eu de volontaires pour signer chez les Dominicains ni les Dominicaines ?

– Pour les itinéraires et compte tenu de la date avancée de Pâques, je me suis appliqué afin de ne pas franchir notre géant de Provence (sic) pour atteindre Buis ! … Il avait revêtu une houppelande immaculée et toute blanche : très beau à regarder, mais très peu apprécié par les cyclos ? ! Donc, parcours au nord d’Aix, bien sûr ! jusqu’à Sault pour certains, avec un petit supplément par le col des Abeilles pour l’un d’entre eux…

Nous nous sommes retrouvés, dépassés, salués à plusieurs reprises et à Mormoiron, nous avons empruntéun parcours commun jusqu’à Buisen maintenant les équipes décalées en horaires (règlement oblige) et en contournant le Ventoux par l’ouest.

Je remets une nouvelle fois l’accent sur « notre » gîte de Buis, très confortable et nous y avons été abondamment bercés le soir même par les cloches arrivées tout droit de Rome !

Aïe, aïe, aïe … dimanche matin, coup d’œil dehors : quelques gouttes de pluie et la route est très humide. La météo annoncée la veille se confirme. A quelques encablures, le col de Propiacnous surprend : 4 kilomètres de forte côte avec des passages à plus de 13%… on peut faire mieux pour un dimanche de Pâques, mais là « Basta » ! Au sommet, le regard porte loin vers l’ouest et, pas de doute, à la vue des giboulées qui encombrent l’horizon, la pluie est annoncée. Elle nous arrive dessus quelques minutes après et nous accompagne jusqu’à Gigondas, sans répit.

Pôvres Traceurs 2016 !!

Réception encombrée comme il se doit … amitiés, « la tchatche » avec des amis retrouvés, boissons, sandwichs : le top !Bises appuyées, même très appuyées à Yvette Pendu, pour son amitié, sa générosité, sa disponibilité, sa compétence à la direction depuis 18ans des traces Vélocio (sa dernière année me dit-elle).

Vélocio, notre maître à tous, fondateur du cyclotourisme, né au cœur de la Provence, à Pernes-lesFontaines. (L’équipe n°1 y a pris son repas de midi cette année).

De son nom familial : Paul de Vivie de Regie, amoureux de sa terre comme il a su nous l’insuffler dans son journal, ses revues, ses récits et dans son cœur en direction de tous les cyclotouristes provençaux, honorés à travers lui, au fil des ans, dans le cadre de notre prestigieuse Provence par l’Audax Club Parisien.

André BECCAT(Cyclo Sport du Pays d’Aix-en-Provence)

P.S. : Réunion CSPA du 29 mars J’ai été très sensible mais aussi agréablement surpris, avec un fil d’émotion dans la gorge, il faut le dire, des attentions dispensées par mes amis traceurs à mon égard. Un livre, cadeau prestigieux et oh combien apprécié « grands cols, les montagnes du tour de France »…

Je vais revivre mes modestes ascensions d’antan, en pensant obligatoirement à Fausto Coppi, mon idole Eddy Merckx, Bernard Hinault, Bobet, Bartali, et autres Truebale grimpeur de poche. Un gros paquet de calissons … ça va me requinquer après mon accident du 17 février.

Et aussi, cerise sur le gâteau, une carte souvenir signée de tous mes amis traceurs 2016.

Un grand merci à toutes et à tous.

Depuis que la bicyclette a été équipée de roues rondes pour en faciliter son utilisation, Pâques a été doté de traces, communément appelé Traces Pascales, pour occuper utilement le week-end à rallonge des cyclotouristes (l’expression Traces, venant des traces laissées par les roues en bois sur les chemins, pas en bois eux, mais en terre de l’époque (mais je ne sais pas laquelle). Il a été décidé quelques temps plus tard que le lundi serait férié parce que certains, moins rapides que d’autres, n’avaient pas le temps de boucler leur Trace en 2 jours. Merci aux cyclos pas trop rapides.

Comme quoi, on se fait parfois des idées sur l’origine des fêtes religieuses et sportives !

Et, cette année encore, notre grand Maître es Traces du CSPA, je veux bien sûr parler de notre Ami André, sans qui je n’aurai pas eu l’occasion de vous faire ce petit rappel sur cet épisode historique encore trop méconnu (mais qu’apprend-on à l’école?) va nous organiser de superbes parcours qui doivent conduire quatre équipes dans un village provençal mondialement connu dans toute la France (allez savoir pourquoi?).

Et l’affaire n’est pas si simple ! Entre l’indisponibilité des uns, le désistement des autres et surtout satisfaire les affinités de certains et autres demandes d’arrangements, le pauvre André a de quoi s’arracher les cheveux (heureusement, contrairement à moi, il en a en réserve). Finalement, il ressort de tout ça quatre équipes de six cyclos chacune : une équipe de costauds et trois un peu moins rapide, tout en étant un peu rapide quand même, mais un peu moins costauds que les costauds puisque un peu moins rapides.

Vous suivez ?? (N’oubliez pas que grâce aux « un peu moins rapides » nous ne travaillons pas le lundi de Pâques) et 3 parcours magnifiques autour du mont Ventoux au départ d’Aix jusqu’à Buis-les-Baronnies pour la 1ère journée et de Buis – Gigondas pour la deuxième.

Je vous passerai les entraînements intensifs, limite commando de tortues sur un marathon, effectués sur des jours de congé, samedi , dimanche, jours fériés et autres, les modifications de parcours, les décalages dus à la météo, bref une occupation à temps complet et même plus (les heures sup doivent impérativement être envoyées avant la fin du mois à notre charmante trésorière qui se fera un plaisir de les refuser). Un petit mot sur la journée du vendredi concernant les tergiversations météorologiques qui ont littéralement fait exploser ma boite mail. Devant l’incertitude persistante de la météo, une liste impressionnante de mails, que je n’ai pas pu tous ouvrir parce qu’à un moment tout s’est bloqué, m’a fait prendre conscience du désarroi de tous devant une décision cruciale à prendre et qui peut avoir des conséquences désastreuses pour celui qui se loupe. Nous verrons ça plus tard. Finalement, la solidarité l’emporte et tous les messages intitulés « Retraces pascales et pluie dimanche » se débloquent (ouf, j’ai eu chaud) et, du coup, j’ai de la lecture pour l’après-midi.

Au cours de la première journée, j’ai été abordé par ma capitaine de route qui me remet discrètement une épaisse enveloppe pour écrire un article sur notre équipe dans votre revue préférée éditée selon les dernières sources officielles à 1 500 000 ex. Après avoir jeté un coup d’œil rapide à l’intérieur, j’accepte.

J’en viens donc à mon équipe et à quelques heures plus tôt. Josette, capitaine de route, Stéphanie et ses sacs « carrefour » plein les poches, Christian, prêt à décabosser nos vélos si jamais… Alain le pur grimpeur intenable à l’approche de la moindre bossette, Jacques, un peu devant, un peu derrière, un peu au milieu, un peu partout en fait et moi, le bon à pas grand-chose à part écrire des c….. pendant 3 ou 4 pages, formons une des trois équipes des « un poil moins rapides mais quand même ».

Nous avons rendez-vous samedi matin à 6h50 aux Platanes pour un départ à 7h15 ou quelque chose comme ça. Tout guilleret à l’idée de cette belle journée qui s’annonce, j’enfourche mon vélo et, 300 ou 400 m plus loin, pchiiii la roue avant se dégonfle. J’ai roulé dans du verre. Retour au garage, réparation, coup de fil à ma cheftaine (oui, je fayote) et j’arrive en retard.

Tout le monde est parti sauf l’équipe d’André qui ne va pas tarder à le faire. Un café avalé à la va-vite me donne le hoquet et hop, c’est parti. Le hoquet m’accompagne pendant une ½h quand je m’aperçois que, en fait, ce n’est pas le hoquet qui me fait sauter sur le vélo mais la roue avant qui, remontée à la hâte, ne tourne pas tout à fait rond. Bien sûr je ne m’en vante pas et, à la première halte prostate, j’arrange très discrètement ça. Et c’est reparti ni vu ni connu ! Finalement, je pense que je n’ai jamais eu le hoquet.

Et nous roulons, silencieux, dans la fraîcheur matinale d’une belle journée de mars. Les travaux de Pertuis vont nous permettre de faire une visite non guidée mais très ludique des rues piétonnes de la ville où nous passons, repassons et re-repassons jusqu’à ce qu’une sortie se présente gentiment pour nous libérer (et 3 km de plus !).

Ballade au pied du Lubéron, montée tranquille sur Bonnieux et arrivée à Apt à l’heure du café mais avec son marché de renommée internationale, c’est un vrai b… pour trouver un bistrot. Et finalement, coincé entre des étals de paniers, de parfums à la Lavande, de charcuterie et de sous-vêtements pour femmes très fortes (impressionnant !) nous apercevons l’équipe de Françoise et faisons café commun au milieu d’un enchevêtrement de chaises, tables, vélos et autres consommateurs qui nous considèrent comme des envahisseurs plutôt emmerdants et très peu civilisés.

Et la route reprend. D’abord à pied pour traverser cet interminable marché puis, quand même, un peu sur le vélo pour la suite. Et nous pédalons, pédalons, pédalons (50 coups/min pour les spécialistes) dans cette campagne baignée par un chaud soleil printanier, chacun absorbé dans des pensées aussi mystérieuses qu’impénétrables. Les kilomètres s’égrainent, ponctués d’arrêt pipi, de séances de déshabillage au gré des montées et de rhabillage au gré des descentes pour nous mener à Sault qui nous sert de pauserepas. Encore une fois, nous rencontrons l’équipe de Françoise installée confortablement en terrasse, sandwich à la main. Toutes les places étant occupées, nous trouvons refuge dans un petit resto avec vue sur le Ventoux et là, au soleil, chacun trouve son compte. Plat de pâtes, entrecôtes, simple sandwich font notre bonheur et notre bonne humeur. Moment de convivialité, discussion avec d’autres cyclos qui descendent du Ventoux et il est temps de repartir, quelques kilomètres restant encore à faire. Au sortir de Sault, nous tombons (sans nous faire mal) nez à nez sur l’équipe des costauds qui, ne sont pas là pour … chercher les œufs de Pâques cachés dans la nature!!

Après quelques centaines de mètres de vie commune, nos routes se séparent, eux, spécialement formatés pour ça par un entraînement intensif comparable à celui pratiqué par les marmottes en plein hiver, vers les pentes vertigineuses et inaccessibles au commun des cyclos du redoutable col des Abeilles, et nous, vers la descente tranquille mais toujours aussi magique des gorges de la Nesque. Bonne route à vous et à ce soir !! Arrêts panoramiques, photos, descente cool pour profiter au max nous mènent dans la vallée et Malaucène via le petit col de la Madeleine.

Dernier arrêt pipi/ravitaillement, avant de repartir direction Buis-les-Baronnies qui n’est plus très loin, chacun ayant hâte d’en terminer malgré un parcours relativement facile et tellement beau sous cette tempête de ciel bleu.

On s’imagine sous une bonne douche bien chaude avant d’aller boire un verre réparateur en ville et une question revient invariablement sur toutes les lèvres: Quel temps va-t-il faire demain ?

A l’hôtel, un superbe cloître franciscain, où nous sommes les bons derniers à arriver, nous retrouvons nos affaires qui, sans la disponibilité et la gentillesse d’Alain CONTI seraient sûrement restées sur la place de Venelles où nous devions les laisser, et nous, de baigner toute la soirée dans notre jus de la journée ! Beurk , beurk !! Alain, sur ce coup tu as été notre sauveur ! Merci.

Petite balade dans Buis, très charmante petite ville aux maisons en pierres apparentes, arcades abritant des commerces d’artisanat souvent local et je tombe (encore une fois) au détour d’une rue, sur les équipes de Florence et Françoise affalées dans des fauteuils des plus confortables, en train de siroter pastis, bières ou Perrier. Je m’installe avec eux pour profiter de la quiétude de cette fin d’après-midi printanier avant de rejoindre le reste de la troupe pour le repas du soir. Repas animé s’il en est grâce aux pitreries de Thierry qui se surprend lui-même de tout ce qu’il peut raconter. Il a des talents de clown insoupçonnés cet homme !! Rires et bonne humeur remplissent la pièce au grand désespoir des tables voisines qui ne s’entendent même plus parler. Une petite promenade digestive pour certains, sûrement la chambre pour les autres et bonne nuit les petits et à demain 7h00 au petit déjeuner. Mais les cloches de la ville ne l’entendent pas de cette oreille et, juste au moment de s’endormir se mettent à sonner pendant un bon quart d’heure. Ce n’est pas possible, le bouton est bloqué sur ON.

Dimanche matin, 45 km pour rejoindre l’arrivée finale à Gigondas si possible avant la pluie qui elle aussi a choisi exactement le même itinéraire alors que ce ne sont pas les routes qui manquent dans la région. Départ tous ensemble vers une dernière petite difficulté, le col de Propiac, je crois, que tout le monde passe sans problème et dans la descente, arrêt… non non pas pipi, mais K-way.

La pluie, solidaire des traces Pascales, viendra nous accompagner jusqu’à l’arrivée pour nous récompenser de nos efforts.

Et ce sont des milliers de cyclos qui trempés arrivent en masse à la salle des fêtes de Gigondas en quête d’un peu de chaleur, de boissons chaudes et autre collations.

La pluie gâche la convivialité de la fête, chacun ne songeant qu’à récupérer ses affaires et rejoindre les voitures direction la maison.

Mais pour certains de chez nous la galère ne fait que commencer. Ils rentrent à Aix en vélo soit encore 100-110 km (vous vous souvenez du vendredi après-midi?).

Si, à l’heure où vous lisez ces lignes, certains n’ont pas encore donné signe de vie, n’hésitez pas à déclencher les recherches. Il ne sera peut-être pas encore trop tard. En tout cas, bon courage et bonne route !!

Félicitations aux cheftaines qui, malgré l’indiscipline de certains, ont su ramener tout le monde à bon port dans une très bonne ambiance.

Félicitations à tous les équipiers pour avoir encaissé sans broncher les foudres de leur cheftaine.

Et surtout BRAVO André toi qui, très bien encadré par toute ton équipe paré d’une vigilance de tous les instants, a terminé une fois de plus une trace pascale.

Je devais écrire un texte sur la trace de mon équipe et, finalement, à la lecture de tout ça, personne ne sait trop comment ça s’est passé, ni où nous sommes vraiment passés.

Ma cheftaine ne va pas être très contente mais ce n’est pas grave, j’ai déjà encaissé le contenu de l’enveloppe !

Amicalement

Jean-Pierre Clottes(Cyclo Sport du Pays d’Aix-en-Provence)

Si vous lisez ces pages jusqu’au bout, c’est que franchement, vous n’avez pas grand-chose à faire et vous avez perdu votre temps, et si vous vous arrêtez en cours de lecture vous risquez de manquer le plus passionnant ce qui pourrait être préjudiciable pour votre culture personnelle.

A chacun son choix.

P.S.

J’ai quelque peu revisité l’histoire des traces de Monsieur VELOCIO mais je pense qu’il ne m’en voudra pas trop, tout le monde connaissant et respectant la vraie histoire.

Samedi 26 mars 2016, 7h00

Tous prêts à enfourcher le vélo…

Les faits marquants :

  • 18 participants, dont 10 féminines.
  • 2 participants de l’AC Riez –Nicole et Franck -se joignent aux manosquins pour une randonnée qui au final fera 204 km.

Froid très intense dans la vallée de Volx jusqu’à Mane.

Entrée sur la piste cyclable sous Castellet, et «Pause santé! » pour tous… expression fort sympathique de nos amis canadiens!

Arrêt à Apt pour le premier pointage 61 km.

2 chutes sans gravité, Huguette a touché le pneu de Jean-Louis, et Nicole a perdu l’équilibre.

A 2 km de Coustellet, Jean-Louis éclate. Réparation: tout le monde prête main-forte, activement ou par des conseils éclairés…Gonflage, re éclatement, et changement de pneu.

C’est pendant cet épisode que je constate que je me suis trompée dans le kilométrage… j’ai surévaluée la distance entre les Beaumettes et Coustellet. Après re-calcul et spéculations diverse, je propose une rallonge en passant par Jouques et Rians…

On ajuste le parcours pendant la pause casse-croûte à Robion… on est installés sur la terrasse d’un bistrot… et il fait très chaud!!! Nouveau pointage à Mallemort, au km 110.Simone nous attend à Saint-Estève Janson avec des gâteaux et des boissons fraîches qui sont bien appréciés. On reprend la route, rassasiés et abreuvés… et on emprunte la route de Jouques, après Peyrolles puis Rians.Nouveau pointage à Rians au km 165 à 17h38.

Terminé pour les pointages, nous avons respecté le contrat. Il ne faut plus traîner… Saint-Paul lez Durance –Pont Mirabeau… équipements de sécurité mis en place, nous allons pédaler aussi régulièrement, mais aussi vite que possible pour rentrer avant la nuit… elle nous cueille malgré tout entre Corbières et Sainte-Tulle… on est presque arrivés.

Dimanche 27 mars, 6h45 (heure d’été)

Nous sommes au rendez-vous… il ne manque que Loïc, mais avec lui, la remorque et les vélos.Nous patientons…Nous prenons la route et arrivons à Pernes-Les-Fontaines… il commence à pleuvoir.Préparation des vélos, harnachement des cyclos… on s’équipe comme on peut.

On choisit le parcours le plus court pour arriver à Gigondas, ce sera Monteux-Sarrians-Vacqueyras-Gigondas. Sous la pluie ce sera bien suffisant.

Après une crevaison et quelques tergiversations, on arrive enfin à la salle des fêtes. Il faut se frayer un chemin dans la foule compacte pour faire contrôler les cartes de route et homologuer les traces.

L’équipe féminine a remporté la coupe lavande. On attend la remise des récompenses, et on reprend bien vite le chemin du retour. Ça ne traîne pas. La pluie s’est renforcée et tous ont envie de se mettre au sec. On se change bien vite dans les voitures, on charge les vélos, et direction les Beaumettes pour une pause repas bien méritée.

Marie-Paule VALENTIN (EPM Cyclotourisme)

Nous avons eu le plaisir de voir trois équipes au départ de la Fléchette Vélocio 2014. Nous maintenons cette organisation pour permettre aux jeunes de découvrir les joies de la randonnée en équipe malgré une très faible participation. Pourtant, le constat à l’arrivée des Fléchettes est toujours le même : “Quelle formidable expérience!”.
Merci donc aux accompagnateurs de faire découvrir ces parcours parfois exigeants mais toujours magnifiques.

Equipe 1Cyclo Club St Bonnet le Château202 km
JeunesLoic CHABANEL14 ans
Lydéric PORTAILLER16 ans
Aurélien GIRARD16 ans
EncadrantCyril EYRAUD
Equipe 2Cyclo Club St Bonnet le Château205 km
JeunesRomain CHABANEL18 ans
Hugo GIRARD17 ans
Maxime PERRIN17 ans
EncadrantLaurent CHABANEL et Benjamin TEYSSIER
Equipe 3CS Municipal Seynois200 km
JeunesTelio ROUMIAN15 ans
Dorian AGNESSENS15 ans
Joshua WOLFCARIUS17 ans
EncadrantFrédéric REMIET

La prochaine Fléchette Vélocio aura lieu le samedi 04 avril 2015. Vous aurez donc plus de temps pour préparer une équipe et j’espère vous voir nombreux à LURS (04)

Opération Garbure et Piperade.

Lieu : Béarn / Pays Basque.

Instigatrice : Sophie – Pierre Gadiou.

Agents terrains : Diago41 / Pat@Roazon

Date / Lieu de rendez-vous début de l’opération : 30 Juin 2014 – 8h GMT – coordonnées GPS 47.185023, -1.520918.

Date / lieu début d’opération : 2 Juillet 2014 – 3h GMT – coordonnées GPS 43.188840, -0.610378.

Cible : parcourir 600 km en 57h et effectuer une razzia de cols du Béarn / Pays Basque


30 Juin 2014 – 10h local time : je retrouve Alain au point de rendez-vous à Nantes. Je charge ses affaires dans la voiture, et son vélo avec le mien sur le porte vélo. La météo est annoncée relativement correcte par les différents sites de météo, nettement mieux que la semaine précédente – date initiale prévue pour l’opération -, et nous filons plein sud direction Oloron Sainte Marie.

Le trajet nous laisse le temps de discuter des derniers points de détails de l’organisation de la rando, et le moral est au beau fixe.

Nous arrivons au camping Oloron sous un franc soleil vers 18h. Le temps de s’installer puis de partir à la recherche d’un point de restauration pour gloutons, nous savourons l’instant présent. Le temps s’annonce magnifique, et les habitants s’empressent de nous annoncer qu’il va faire beau les prochains jours, peut-être avec de petits orages en fin de journée, mais tendance beau !

1er Juillet 2014 : Nous profitons de la journée pour aller à Arrette, payer la chambre que nous avons réservée à l’Hotel de l’Ours. Puis faisons de même à l’Hotel des sources de la Nive vers Esterencubby. Aux 2 hotels nous faisons part de notre projet de randonnée, ce qui a pour effet de laisser quelque peu dubitatif!

Le planning est le suivant :

  • 2 juillet : départ à 5h d’Oloron, pour faire 300km et 6200m de D+, et atteindre l’hôtel de L’Ours à Arette (vers minuit?).
  • 3 juillet : départ à 6h d’Arette, pour faire 200km et 4750m de D+, et joindre l’hôtel des sources de la Nive (du côté de Saint Jean Pied de Port).
  • 4 juillet : départ 5h, de l’hôtel, pour faire 100km et 2650m de D+, et boucler à Oloron avant 14h (fastoche!).

Dis comme cela, les hôteliers sont très sceptiques sur notre capacité à tenir ce programme, surtout à l’annonce des cols par lesquels nous devons passer. Les chambres sont payés, mais ils doutent très fortement de nous voir!

Aux sources de la Nive, nous montons en voiture vers le col d’Orgambidé pour admirer le paysage, et improviser un pique-nique dans un cadre idyllique.

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Le pays basque et ses vertes collines abruptes

Le pique-nique sera vite écourté, le temps tournant rapidement à l’orage. Première impression, le pays a du caractère!

Sur le chemin de retour de Saint Jean Pied de Port vers Oloron, les nuages sombres se sont accumulés, et laissent exploser leur colère dans un déluge de grêle. Certains champs de maïs sont littéralement broyés sous le déluge. Et dans la banlieue d’Oloron, par endroit, toits et routes sont blanches comme en hiver. Nous arrivons au camping moyennement rassurés… la tente a résisté mais il pleut toujours assez fort. Nous mettons les vélos sous une bâche pour les protéger.

Nous préparons nos affaires, pour essayer de rester concentré sur la rando, mais la pluie se joue de nous. Nous prenons notre repas du soir sous un barnum… bienvenu car il ne serait pas possible de faire cuire nos pattes sous une telle douche. Il nous est difficile d’être optimiste pour le lendemain matin, non seulement le temps parait complètement bouché, en plus il ne fait pas bien chaud.

A 21 h, tout est rangés, prêts à partir. Nous sommes couchés sous la tente, et il est très difficile de faire abstraction de l’humidité ambiante.

Les heures passent sans vraiment dormir, tellement le roulement de la pluie sur la tente est intense. Je guette chaque baisse d’intensité, ou espère que cela tombe plus fort pour vider plus vite les nuages. Vers 2h du matin, la pluie s’arrête tout de même, et je m’endors enfin.

2 Juillet 2014 4h : Le téléphone sonne, et franchement le lever est très incertain. L’humidité s’est infiltrée partout, et ce n’est vraiment pas engageant. Alain lève mes doutes d’un coup : « maintenant qu’on est là, y’a rien d’autre à faire que d’y aller ». Ok, on ne va pas se dégonfler, on casse une croute, s’habille et à 4h45 c’est parti pour aller se présenter au premier point de contrôle, au pont sur le Gave d’Aspe. Nous y sommes en même temps que les éboueurs qui font leur travail, ils sont surpris de voir 2 guignols à vélo entrain de faire des photos à 5h du mat (nous rions de la situation, l’heure et le lieu c’est une chose, mais après tant d’heures de pluie, la situation frôle l’absurde).

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Contrôle 1 – km 0

5h du mat, la photo est dans la boite, c’est parti pour 57h – enfin on l’espère, si le ciel ne nous tombe pas sur la tête. Les 5 premiers kilomètres dans la nuit sont très paisibles, mais la petite route des crêtes nous ramène rapidement à la réalité d’une super rando, on est là pour grimper, et le préliminaires sont très courts !

Oui, ça monte et ça descend, c’est très sinueux, et non seulement c’est humide, mais il y a des gravillons et des branches partout. On se demande même parfois, si une équipe de bucherons n’a pas tout laissé en vrac à la fin de la journée précédente. Mais après ce que l’on a pris ces dernières heures, cela n’a rien étonnant. En rattrapant la D918, les choses s’arrangent, la chaussée est meilleur et le jour qui se lève nous offre plus de lumière pour éviter les ravages des intempéries. Nous rejoignons la vallée d’Ossau, finalement assez content de ne pas avoir eu de pluie, et le jour se levant nous rend plus optimistes.

Plus optimistes et plus concentrés sur la rando, d’ailleurs le col de Marie Blanque démarre d’amblée à droite, une centaine de mètres, et tout de suite il faut descendre les braquets, nous attaquons le premier col. L’attaque est assez franche, pas le temps de somnoler, les premiers lacets sont raides pour atteindre le plateau de Benou, mais cela se calme sur ce plateau. Le paysage y est très apaisant, chevaux, vaches et brebis savourent comme nous le lever du jour ; ce coup-là nous sommes bien rentrés dans la randonnée, cela aurait été bête de ne pas se lancer.

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Petit matin sur le plateau de Benou

Le Marie Banque se finit facilement, et à 7h23, le 2eme contrôle – km 40, est validé. En attendant Alain, j’en profite pour m’habiller complètement pour la descente. A peine habillé, le voilà, nous nous suivons de près. La descente du Marie Blanque est très rapide du fait de la forte pente, et la pluie a ramené pas mal de gravillons. Il faut être très vigilant.

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Contrôle 2 – km 40

En retrouvant la vallée d’Aspe, 5 kilomètres tranquille permettent de retrouver la petite montée vers le col d’Ichère. J’attends un peu Alain, nous ferons le début de la montée ensemble. Sur le papier, ce petit col semble vraiment facile, sur le terrain, je dois avouer être un peu surpris, beaucoup plus en prise que ce que j’avais imaginé. Le col est tout de même vite atteint et fait l’objet du 3ème contrôle (8h29).

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Contrôle 3 – km 59.5

La descente vers Lourdios-Ichère est négociée, elle aussi prudemment, et nous prenons la petite route dans la forêt d’Issaux. Le sentiment rencontré dans Ichère se confirme… nettement plus dure en vrai que sur le papier. Changements de pente assez secs, revêtement très rugueux, nous n’avançons pas bien vite, je pars en éclaireur, j’attendrais Alain à la prochaine fontaine. Le paysage est fort plaisant, gorge très encaissée, forêt très humides, nous avons l’impression d’être coupé du monde. Un petit répit, et après le Pont du Gouat, on retrouve des lacets et une pente réellement soutenue. A la séparation col de Labays / Osse, on retrouve un peu d’air, et rejoint le 4ème contrôle facilement (9h52).

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Contrôle 4 – km 76

La descente vers Osse-en-Aspe est technique, passages vertigineux, gravillons, il faut être vigilant, mais pas de problème, le pli est pris. Il ne faudra pas compter se reposer beaucoup dans les descentes sur cette rando.

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Descente vertigineuse sur Osse en Aspe

Je fais le plein d’eau à Osse, et continue seul, tranquillement dans la vallée d’Aspe tout en cherchant de quoi me ravitailler.

Face au fort du Pourtalet, j’envoie un SMS à Alain. Je ne vais pas trop vite, et je pensais qu’il allait me rattraper facilement… A Urdos, je trouve une supérette pour me faire deux sandwichs ! Le premier est dévoré sur place, le second sera pour la suite des évènements. Pendant ce temps, Alain arrive, refait le plein des bidons, et continue sans demander son reste.

Je termine le casse dalle, et le rejoins. Nous démarrons le Somport ensemble. Après les surprises de la matinée, le Somport est nettement plus simple à gérer, la pente est très stable, et le revêtement excellent. En plus, le tunnel du Somport est fermé pour cause de travaux, et nous avons la chance de ne pas avoir de poids lourds. Les nuages se déchirent et le soleil fait monter la température, nous arrivons en Espagne et espérons un peu plus de chaleur.IMG_0226.JPG

Le soleil tente une percée sur le Somport

Au col du Somport, contrôle 5  – 12h49, j’en profite pour prendre un coca a l’Albergue Aysa – passer en langue Espagnol, et attaquer le deuxième sandwich. Pas le temps de finir, Alain est déjà là. Nous nous habillons le plus chaudement possible, il ne fait pas bien chaud et nous ne sommes qu’à 1640m.

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Contrôle 5 – km 114

La descente du Somport côté Espagnol est un billard, nous en profitons pour faire un bel excès de vitesse – 72km/h au lieu des 60. Il faut tout de même être vigilant, la route est encore longue. Nous rejoignons Jaca sous le soleil espagnol, c’est un peu couvert, mais nettement plus chaud.

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Fin de descente, il est temps d’enlever quelques couches

A Jaca nous faisons une pause dans un bar, pas un chat c’est l’heurde la siesta, voilà 144 km de couverts et 5 contrôles de fait.

Nous repartons sans trop trainer vers le prochain contrôle, et entamons la petite montée au pied de la montagne de Jaca (Peña Oroel). Par rapport à la matinée dans la vallée d’Aspe, le changement est étonnant, nous sommes passés des très vertes montagnes de la vallée d’Aspe, à un paysage méditerranéen en quelques coups de pédales. Heureusement pour nous, il fait un peu chaud, et c’est facilement gérable. Quelques nuages d’orage commencent à se former sur la Peña Oroel, rien de sérieux pour l’instant. Les routes sont totalement désertes, et on ne retrouve que quelques véhicules au niveau du monastère alto de San Juan de la Peña.

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Contraste fort avec la matinée en valée d’Aspe

Descente assez sèche contrastant avec la montée accomplie, et on atteint le site stupéfiant du monastère de San Juan de la Peña, faisant l’objet du contrôle 6 – il est 16h10. Monastère moyenâgeux enchâssé dans la roche, la boucle vaut vraiment le détour.

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Monastère San Juan de la Peña – Contrôle 6 – km 172.5

Alors que les petits nuages d’orage commencent à se faire un peu entendre, nous décidons de descendre dans la vallée sans trop nous attarder. Une petite pluie d’orage nous ralenti dans la descente, mais rien de bien sérieux. Dans la vallée du Rio Aragon, le vent nous souffle dans le dos, et après une petite partie de manivelles, nous arrivons rapidement au «Puente de la Reina de Jaca », on nous faisons un arrêt hydratation. Il est temps maintenant de faire notre retour sur la France, et je pressens que les vallées seront bien longues à remonter.

Nous filons encore bon train vers Hecho, beaucoup plus vite que ce que j’escomptais, mais c’est plutôt sous la menaces d’orage que grace à un vent favorable. Dans la vallée d’Hecho tout va bien, mais dans la vallée de droite, cela devient très menaçant et dans celle de gauche cela tonne bien fort. A Hecho, il nous faudra via le Collada de Terit, passer dans la vallée de gauche… cela n’augure rien de bon.

Nous arrivons à Hecho – Contrôle 7, km 215.5 – à 18:10, c’est tellement couvert que l’on dirait que la nuit tombe. Nous n’attendons pas 5 minutes que le déluge tombe. Nous nous réfugions à la petite épicerie du camping…

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Contrôle 7 – km 215.5

La situation est critique, il nous reste 60 km pour rejoindre le col de la Pierre Saint Martin, 86 pour l’Hôtel à Arette. Et ça tombe très fort, il y a des éclairs dans tous les sens. Je me demande comment nous allons passer les prochains cols, et surtout combien de temps il va falloir attendre pour pouvoir repartir. Nous attendons une demi-heure, la foudre s’arrête, mais la pluie est toujours aussi forte. Il faut nous résoudre à y aller. Dans le Collada de Terit, nous sommes très rapidement complètement trempés. La descente est un boulevard, mais la forte pluie nous empêche d’aller vite.

La montée de la vallée d’Anso se fait toujours sous la pluie, mais la menace des éclairs s’est éloignée. Au refugio de Zuriza, l’ambiance est toujours très humide, il ne pleut quasiment plus, mais entre le froid, la longue montée en faux plat sous la pluie, nous commençons à être bien entamés. Le gentil petit collado de Arguibiela passé, nous descendons dans la vallée qui nous mènera au col de la Pierre Saint Martin.

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Ambiance très humide au collado de Arguibiela

La pluie s’est arrêtée, et le ciel se déchire!! … enfin les dieux nous accordent un répit, nous pourrons passer le col de la Pierre Saint Martin sous un ciel dégagé. Nous arrivons en fond de vallée au pied du col à la fin du jour, le très imposant Refuge General Garrido est au-dessus de nous, les lacets pour l’atteindre sont très impressionnants vue d’en bas. Nous profitons des dernières lueurs du jour pour monter ce col. Chacun monte à son rythme, nous nous retrouverons à l’Hôtel de l’Ours à Arette. Ce coup-là, le moral est remonté d’un cran.

J’atteins le col à 10:53 pour le contrôle 8. Bien content et très rassuré, il ne reste plus que 26 km de descente pour rejoindre l’hôtel. C’est gagné pour aujourd’hui, après tous ces moments de doute.

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Contrôle 8 – km 275

Le temps de m’habiller, j’entame la descente sans attendre Alain – comme convenu. Au bout de 500m, surprise… j’entre dans un mur de brouillard. Et quand je dis un mur… Je ne vois pas la route, difficilement le sol !! Je mets pied à terre, quelle purée… je roule au pas en essayant de suivre le bord de la route, mais je suis obligé de m’arrêter tous les 10 m pour vérifier que je suis toujours sur la route. Angoisse totale, moi qui pensait il y a quelques instants à une douche chaude et à un lit douillet, me voilà à avancer à tâtons pour trouver ma route… C’est la totale !!

Eh bien non, Ce n’est pas encore la totale, … à ce moment un chien se met à aboyer à mort, et à courir vers moi. Enfin quand je dis « courir vers moi », je n’y vois rien !! Il hurle et court vers l’assaillant – qui n’est autre que moi. Sur ce, panique totale de ma part, je hurle tout ce que je peux, et heureusement, le molosse que je n’ai même pas vu, s’arrète et prend la fuite.

J’ai les jambes qui tremblent comme une feuille, et arrive à peine à remonter sur ma selle pour reprendre mes titubations. J’essaye de mettre ma frontale à fond, ou ma lampe à fond,… c’est pire. Je cherche désespérément les bâtons réfléchissants sur le bord de la route. Dès que j’en trouve un je fais un saut de puce vers lui, m’arrête et cherche le suivant. Suis-je toujours sur la bonne route? Il me semble qu’il n’y a pas trop d’erreur possible, mais j’aurais dû trouver depuis longtemps l’embranchement Arette / Station La Pierre Saint Martin. Cela me semble très long. Trop long ?

Ouf, je trouve l’embranchement en question, et prend direction Arette. Oui je ne suis pas perdu. Je continue ma navigation de bâton en bâton. Cela devient plus facile, le brouillard est moins épais. Je trouve l’embranchement vers Issarbe, je continue bien vers Arette… une centaine de mètres, et plus rien ! Je sors du brouillard, retrouve une route que l’on voit bien, et me laisse glisser vers Arette. Bon glisser, il faut faire attention, la chaussée est bonne, mais détrempée, et ça descend sec (panneau à 15%).

Dans la descente, en levant la tête vers le haut, je remarque une lumière caractéristique… c’est Alain, il est juste derrière, et j’espère qu’il a pu éviter lui aussi le chien des Baskerville ! Nous nous retrouvons devant le panneau Arette à 00h07 – contrôle 9, km 301, bien content d’avoir réussi à boucler cette première partie malgré toutes les galères, et savourons la petite nuit de repos que nous allons prendre.

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Contrôle 9 – km 301

A l’hôtel de l’ours, nous retrouvons le patron, qui est quelque peu surpris de nous voir… en fait, il pensait ne pas nous voir !! hi hi, mais on est pas des rigolos mon bon monsieur !

Douche, casse-croute, on fait sécher les fringues comme peu, presque tout est mouillé. Ca ne va pas être agréable demain matin, qu’importe, on dort au chaud et la moitié est faite! On s’accorde une grasse matinée, demain, il n’y a que 200km au programme,… réveil à 4h45 !

3 Juillet 2014 4:45 : Le réveil sonne, pas de problème, petit dej, on range tout. On met les fringues mouillées – beurk – mais on est bien motivé, la moitié est faite!

Sophie nous avait dit « les difficultés commencent après Arette »… oui oui, on en a bien conscience, Issarbe, Port de Larrau (oulala) et refuge d’Orisson en final – 200 km seulement, mais avec des montées bien corsées, il faudra en garder sous la pédale pour passer tout cela.

Nous attaquons à 5h45, et il ne pleut pas… tout va bien ! Juste le temps de se chauffer un peu vers Lanne en Barétous, et nous prenons la petite route de la station d’Issarbe avec les premières lueurs du jour. La route s’enfonce dans la vallée, et on se doute bien que cela ne va pas durer longtemps comme cela. On passe le pont de Blancou, et là gros changement de pente, la route suit un torrent, et la pente est très soutenue. Il faut attendre les premiers lacets pour retrouver un peu d’air, mais la première partie le long du torrent nous a casser les jambes.

On s’élève assez vite au-dessus des nuages, et la vue est vraiment superbe. Les premiers rayons du soleil font un bien fou. Grand ciel bleu.

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En montant Issarbe

La seconde partie est plus facile à gérer, mais il faut pas mal s’arracher pour atteindre la station. Ce qui est fait à 7h51 – contrôle 10, km 324.

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Contrôle 10 – km 324

Alain est en contre bas, je continue jusqu’au Col de Lataillade, ou on trouve un point de vue superbe sur la Pierre Saint Martin et le Pic d’Anie – complètement dégagé ce matin.

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Vue sur la Pierre Saint Martin et le Pic d’Anie – sans brouillard cette fois

Alain me rejoint rapidement, le temps de faire une photo de s’habiller, nous voilà repartis plein pot dans la descente… le petit dej est prévu à Logibar !

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Il y a une sacré pente dans la descente vers Sainte-Engrâce, et la route est mouillée. Une fois de plus il faut être vigilant. Nous retrouvons le gave de Larrau et entamons la légère montée vers l’auberge de Logibar. Ça sera un Perrier, un café et sandwich pour ce petit dej. Le patron nous annonce l’enfer pour atteindre le port Larrau. Bon, on ne va pas se démonter, on sait bien ce qui nous attends !

Le sandwich est plus que consistant, et j’ai eu les yeux plus gros que le ventre, j’en mange un tiers, je mangerai la suite là-haut.

La montée vers Larrau est bien costaud, dès l’auberge de Logibar c’est la fête, et en plus le soleil s’invite. Au bout de 2.5 km j’arrive à Larrau dégoulinant de sueur. J’ai bien fait de ne pas manger tout le sandwich !

Dans Larrau, petit replat, on reprend un peu d’air, et ça repart de plus belle, 7,5km pour le Col d’Erroymendi. C’est dur, mais la pente est constante, on finit par trouver le rythme… et il faut en garder sous la pédale.

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Un peu de répit dans Larrau, et ça repart de plus belle

Un petit replat, puis dernier ressaut pour le port de Larrau. Ce dernier ressaut est impressionnant vue d’Erroymendi, au final, quand on est dedans ça passe bien.

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Dernier ressaut en vue..

J’arrive au port de Larrau à 11h54 – contrôle 11, km 368.5.

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Contrôle 11 – km 368.5

Je vois Alain en contre bas. Il y a un gros soleil, j’en profite pour faire le lézard, et terminer le casse-croute. Côté espagnol, c’est grand bleu… je me plais à penser que nous allons passer un superbe après-midi côté espagnol avant de rejoindre les sources de la Nive.

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Alain : “fastoche le port de Larrau! On se retrouve en bas !

La descente du port de Larrau est des plus agréables côté espagnol. Route large, revêtement neuf… nous sommes très vite rendu à Ochagavia. Où nous faisons une pause pour nous réhydrater et manger encore un peu.

Il nous reste une petite cinquantaine de kilomètre à faire côté espagnol, et sur le papier cela nous semblait assez facile… c’était un peu vite dit quand même, ce n’est pas dur, mais c’est un peu les montagnes russes, et nous n’avançons pas aussi vite que ce que je pensais. Nous nous réservons aussi pour la dernière montée de la journée après Saint-Jean Pied-de-Port, ce qui fait que nous restons un peu en dedans.

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Pas si reposant le côté espagnol, cette 2ème journée !

Bon an, mal an, nous avançons, mais le ciel se couvre, et il fait un peu plus lourd. Heureusement, il ne fait pas trop chaud, ce qui éloigne les risques d’orage. En remontant le petit col qui nous permettra de repasser en France, nous retrouvons une ambiance nuageuse, limite brouillard. Nous arrivons à la frontière franco espagnole à 16h41, au très facile col Aztakarri – contrôle 12, km 437.

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Contrôle 12 – km 437

Autant la montée coté espagnol est douce, autant le côté français est étonnant, la route plonge littéralement dans la vallée des Aldudes, il y a beaucoup de pente et c’est très étroite. Au bout d’un kilomètre de descente, un petit crachin démarre. 5 minutes plus tard le crachin, se transforme en douche. Le tonnerre s’en mêle, ce coup là c’est une grosse pluie d’orage que l’on ramasse.

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Changement de temps sur la vertigineuse descente dans la valée des Aldudes

 A ce niveau, la descente devient dur à gérer. Cette forte pluie va nous accompagner jusqu’à Saint-Etienne de Baïgorry. Ca gronde de partout, il y a de l’eau partout… on se demande alors si nous allons pouvoir monter au refuge d’Orisson dans un tel concert de tonnerre.

Entre Saint-Etienne de Baïgorry et Saint-Jean Pied-de-Port, la pluie s’atténue, mais cela gronde toujours. Nous arrivons à Saint-Jean Pied-de-Port un peu avant 18h30, et passons un coup de fil à l’hôtel des sources de la Nive pour leur dire que l’on arrive d’ici quelques heures, puisque nous passons par le refuge d’Orisson… ils sont moyennement rassurés, et se demande bien pourquoi on passe par là, alors qu’il y a une route plus directe !

Bon, il reste 30km pour l’hôtel, on ne va pas en faire un fromage !!

Dès la sortie de Saint Jean, direction le chemin des pélerins de Saint Jacques de Compostelle, et là un gros taquet nous attend… début du match de boxe. Premier round. Le ton est donné, si on s’arrête là-dedans on ne repart pas ! C’est le moment de voir si le choix des braquets a été judicieux. Je passe tout à gauche, 30×27 ça devrait passer tout en danseuse, je sais que le plus dur n’est pas là, c’est juste l’entrée en matière.

Sur le replat je m’arrête pour voir si cela passe aussi pour Alain, et enlever quelques couches, l’effort a faite monter la température d’un coup. Alain arrive et nous continuons ensemble profitant du répit offert. Au détour d’une ferme, la route se cabre terriblement… j’avais bien repéré l’obstacle, désormais c’est chacun pour soi, on se retrouvera à l’hôtel. 3,5km sont à escalader pour atteindre le refuge d’Orisson. Car à ce point c’est littéralement de l’escalade crampons-piolets, en équilibre sur le fil du rasoir, sur une route étroite qui ne permet même pas de « tirer des bords ». Je tente un arrêt dans le deuxième lacet pour reprendre mon souffle et faire une photo. Je ne sais pas à combien est la pente, mais c’est limite en 30×27. Je commence à craindre pour mes tendons.

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le seul répit dans la montée au refuge d’Orisson

Je reprends l’ascension, et atteins tant bien que mal le refuge d’Orisson – Contrôle13, km 481. La pluie a repris, mais une chance il n’y a plus d’éclair. Je repars assez vite après la classique photo pour le contrôle, bien décidé à rejoindre assez vite l’hôtel – j’ai faim!

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Contrôle 13 – km 481

Je déchante assez vite, car la montée reprend un peu sèchement, alors que la pluie s’intensifie, et que le brouillard fait son apparition. Heureusement rien à voir avec ce que nous avons vécu à la Pierre Saint Martin, je trouve mon chemin sans difficulté.

Je peine pas mal pour atteindre le col d’Arnostéguy, la montée au refuge d’Orisson m’a vidé, et j’ai l’impression de ne pas avancer dans la pluie et le brouillard. En basculant de l’autre côté du col, dans la descente pluie et brouillard se transforme en franche averse, d’une telle intensité qu’on n’y voit pas bien loin, la route est mauvaise, il y a de la boue et des gravillons, mes freins ne répondent plus, même serrés aussi fort que possible. Je fais un arrêt pour nettoyer mes jantes… je gagne un peu de freinage, mais je suis tétanisé de peur dans cette descente.

A 21h j’arrive à l’hôtel des sources de la Nive, sous une pluie battante. Mais qu’importe l’objectif du jour est atteint. Il nous reste la matinée du lendemain pour accomplir les 101.5 restant… de la rigolade.

Je prends une douche – chaude cette fois-ci, et me restaure d’un plateau repas de charcuterie basque, littéralement gargantuesque, et arrivant à point nommé. J’espère qu’Alain n’est pas trop loin derrière… Il arrivera vers le 10h30, mais il a pris une bonne garbure au refuge d’Orisson, et s’est fait une petite crevaison dans la descente, sous le déluge et dans le noir. J’en ris jaune, j’aurais pu crever moi aussi.

Nous terminons le plateau repas… il n’en restera pas une miette. Nous essayons de sécher nos affaires comme nous pouvons, tout est archi trempé. On verra la suite demain, enfin dans quelques heures.

4 Juillet 2014 4:00 : Nous nous levons sans trop de problème, café, pain, le moral est bon – normal nous ne nous sommes pas encore habillés (fringues trempées), et n’avons pas mis le nez dehors.

L’humeur change un peu en nous habillant, argh, que c’est froid… enfin ça va le faire 100km, du gâteau !

Nous mettons le nez dehors à 5h, … ah oui ! La chambre est bien insonorisée, on n’entendait pas qu’il pleuvait si fort. Aussi fort que hier soir en fait. Nous attendons 5 minutes… bon, faut y aller, on n’a pas fait 500 bornes pour bâcher maintenant. Ça va être terrible dans cette montée du col d’Arthé, annoncée comme la plus difficile du parcours.

3 kilomètres de descente sous une bonne pluie, virage à 180° sur la droite… tout à gauche – 30×27, et c’est parti. Nous faisons un premier kilomètre, bon ça passe au final, c’est gérable.

Un premier coup de tonnerre se fait entendre,… il ne manquait plus que ça !

Alain, rassurant : « on n’a pas vu d’éclair, c’est juste un peu de tonnerre dans une autre vallée ».

Nous poursuivons, très concentrés sur la gestion de la pente.

Un petit éclair… ce coup-là on a vu la lumière. Je compte, … 16 secondes entre la lumière et le bruit.

Alain, imperturbable : « bof, c’est loin ». Il pleut un peu plus fort.

Nouvelle éclair, … 10 secondes. Pas de réaction, nous restons concentrés.

Eclairs, tonnerre, re-éclair. C’est un tel bazar que je n’arrive plus à compter quoique ce soit, ce coup-là on est en plein dedans, on y voit comme en plein jour tellement ça claque près.

Alain : « putain fait chier », mais on continue. J’ai le trouillomêtre à zéro, rien pour s’abriter, nous sommes très exposés, comme pris dans la nasse.

Alors que la pluie redouble, les éclairs se calment un peu. Il pleut des hallebardes, à tel point que le fossé coté montagne s’est transformé en torrent. Au dernier virage avant le col d’Arthé nous arrivons sur un torrent de boue et de caillasses que nous sommes obligés de franchir à pied sur une vingtaine de mètres. Nous avons de la boue jusqu’aux chevilles, et c’est vraiment casse gueule. Alors que les premières lueurs du jour apparaissent, nous commençons à apercevoir l’étendue du désastre, on a l’impression que des piscines d’eau se déversent sur les pentes herbeuses.

Un 4×4 monte lui aussi, et arrive à notre hauteur. Il s’arrête pour nous demander ce que nous faisons là. C’est un berger, il est plutôt stupéfait de nous voir ici, à cette heure et dans de telles conditions, et propose de nous emmener un peu plus haut à l’abri dans une grange. Mais non monsieur, c’est bien gentil, mais nous continuons par nos propres moyens, on ne va pas bâcher maintenant si près du but! Il nous regarde partir, un peu pantois, ne sachant quoi penser de ces deux illuminés.

Nous continuons comme nous pouvons pour nous hisser au col d’Asqueta, bifurquons sur une minuscule route sur la droite pour encore nous élever un peu. La pluie s’est enfin calmée, mais tout n’est que torrents autour de nous. On la curieuse impression que des piscines on été déversées par des géants sur les pentes herbeuses des montagnes.

En haut, il ne nous reste plus qu’à nous laisser glisser vers le col d’Errozaté et le Contrôle 14, soient 6 km de descente. Sur le papier cela semblait très simple, sauf que la descente est extrêmement dangereuse, étroite, très pentue, revêtement dans un état pitoyable, qui plus est avec l’orage, remplie de cailloux plus ou moins gros. Les freins ne répondent pas tellement, les jantes sont sales. Je me surprends à descendre à 7km/h… c’est pire que la montée. Nous arrivons au Contrôle 14 – km 522, complètement frigorifiés. Petite photo pour le contrôle, et une autre du torrent en furie qui est à la limite de nous barrer le passage.

Contrôle 14  - Cayolar Nekez Eguina - km 522
Rincé! dans tous les sens du terme

Contrôle 14 – km 522 – et frigorifiés!

Nous repartons bien vite de cet endroit, en remontant un petit vallon, le long du torrent, et espérant ne pas rencontrer de nouvelles mauvaises surprises. Une fois de plus la montée de ce petit vallon semblait vraiment facile sur le papier, mais nous n’avançons pas, et il nous faut beaucoup de temps pour retrouver la D301 qui présente un revêtement nettement plus agréable après ce que nous avons subi. Cependant, la pluie remet le couvert et le modeste Col de Sourzay nous parait bien usant. Heureusement nous retrouvons une descente pour atteindre une zone dégagée avec un petit lac, et … un café ouvert, le chalet d’Iraty-Cize.

Oh qu’il est bienvenu ce café! Nous faisons une arrivée remarquée dans ce café, tenu par un jeune couple qui se demande bien comment nous avons fait pour arriver ici à vélo… toutes les routes sont coupées avec de telles intempéries! Les voitures ne montent pas par le col de Burdincurutcheta!

Ah non ! On ne nous la fait pas celle-là. Les voitures ne passent pas mais, nous on va passer !! On vous a bien dit, on ne bache pas!

Les petits jeunes sont très sympathiques, et pour une fois nous ne sommes pas pris pour de furieux barjos. Nous prenons chacun deux chocolats chauds, et cela nous fait un bien fou. Ils nous fournissent aussi un bon paquet de vieux journaux pour nous faire une bonne protection pour la descente du Burdincurutcheta. Nous sommes complètement détrempés, et nous mettons le café dans un état lamentable, quelle honte. Chapeau bas pour l’accueil des petits jeunes du Chalet l’Iraty-Cize !

Nous repartons pour monter le petit bout de Burdincurutcheta. Très cool de ce côté. Bien entendu, il pleut toujours une bonne pluie, et ça va être sport dans la descente. Fort heureusement, le revêtement est excellent, mais ça descend sacrément… cela doit être un sacré morceau à monter ce col depuis Mendive.

Au millieu du Burdincurutcheta, un arbre à littéralement glissé du talus, pour se retrouver au milieu de la route. Il est toujours debout, tenu par les branchages de ses voisins. Pour cette raison les voitures ne passent pas. Mais pour nous, c’est bon, nous avons un petit passage d’un mètre qui nous permet de continuer.

Nous arrivons à Mendive, contrôle 15 – km 547,5 à 9h48. La pluie s’est calmée.

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Contrôle 15 – km 547.5

Aurons-nous un peu de répit pour terminer? Nous ne traînons pas car le Col Inharpu qui se présente devant ne semble pas très simple, et avec les conditions que nous avons eues jusqu’alors, nous sommes bien entamés, il ne faut pas trainer.

Cela part très fort ce col, très irrégulier, avec des passages raides dès le début, qui nous font prendre conscience rapidement que nous allons courir après le délai de 57h. Fort heureusement, la météo devient plus clémente, la pluie s’est arrêtée, et on peut apprécier le paysage et notamment admirer le Burdincurutcheta que nous venons de descendre, de l’autre côté de la vallée.

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du mieux dans le Col Inharpu!

Il nous faudra beaucoup de détermination pour venir à bout de ce Col Inharpu. Nous nous sommes séparés assez vite, chacun gérant ce col comme il peut. Après un petit bout de descente, j’arrive au Contrôle d’ Ahusquy – n°16, km 560.5.

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Contrôle 16 – km 560.5

Je suis à nouveau frigorifié avec la descente, et j’ai laissé beaucoup d’énergie dans cette dernière montée. Je prends ma photo, et repars sans attendre Alain. Il faut que je descende aussi vite que possible dans la vallée pour retrouver un peu de chaleur.

Descente puis bifurcation à droit pour le très modeste Col de Lecharria, et là dans la monté un tendon du genou droit me lance une pique très aigüe… aie ça se complique… je n’ai quasiment rien bu ce matin, et les tendons le font savoir. Trop tard, la tendinite est là, et plus question d’appuyer sur la pédale droite. Je peux uniquement tirer. Je passe tant bien que mal et retrouve la descente vers Tardets. Pas de trace d’Alain… mais je suis sûr, il n’est pas loin derrière moi.

A Tardets, je fais le plein des bidons, et j’envoie un SMS à Alain… pas de problème, il n’est pas loin. J’attaque la dernière montée à la sortie de Tardets, et là ce n’est vraiment pas simple. Impossible d’appuyer sur la pédale droite, ça monte sec, et je fais la montée uniquement sur la jambe gauche, et tire avec la droite, ce qui donne un mouvement chaotique compliqué à gérer dans la pente. Dans l’affaire Alain revient sur moi assez facilement, je n’avance plus quand la pente s’élève un peu.

Nous arrivons à la Croix d’Aguerret, contrôle 17, km 583.5, à 13h01… Il faut que l’on boucle avant 14h, la pression monte, et ce foutu tendon qui refuse tout maintenant.

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Contrôle 17 – km 583.5

Nous repartons illico, c’est maintenant un peu contre la montre qui s’engage pour joindre Oloron. J’essaye de profiter au maximum des descentes et Alain me fait le train dans les montées et sur le plat. Chaque bout de côte, je perds énormément de vitesse et Alain m’attend. Mais nous nous rattrapons sur le plat. Je suis furieux contre moi de m’être fait avoir de cette manière sur l’hydratation.

Nous arrivons à Auloron Senta-Maria, et sommes pris d’un doute. Oui c’est bien ça, le panneau est  en béarnais! Il est 14h06 et nous voilà au dernier contrôle – km 606, en retard de 6 minutes. Mais la boucle est bouclée !

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Contrôle 18 – km 606 – c’est fait!

En conclusion, ce que l’on peut mettre en avant de notre vécu sur de cette SR, c’est :

· Superbes paysages, bien que l’on n’ait pas tout vu !

· Des cols redoutables, très différent des standards type Tourmalet, ou Galibier. Plus dans le genre coup de poing.

· Certes, nous avons eu des conditions météo très limites, mais faire la montée au refuge d’Orisson sous un bon gros cagnard basque… je pense que c’est encore plus dur à gérer. La météo du pays basque est très changeante, et il faut s’attendre à tout, coup de chaud et bonnes averses. La région est bien verte, et on comprend vite pourquoi.

· Bien choisir les braquets… avec mon 30×27, j’ai été très présomptueux. Un 30×29 ou moins aurait été plus adapté.

· Nous avions cogité dur sur le découpage en trois étapes avec nuit à l’hotel, et nous sommes très contents du résultat. Certes, cela nous a un peu mis la pression pour boucler chaque étape, mais il aurait été impossible d’improviser des nuits à la belle étoile dans de telles conditions météo.

Lionel Delahaie : ma Trace Vélocio avec Jean Corne
Le samedi 19 avril :
4 monts de France : le St. Clair, le St. Loup, le pic de Tantajo, et le St. Baudille. « 3 BIGS !!! »
– Le St. Clair : altitude de départ : 5 m; altitude d’arrivée : 178 m; distance : 1,6 Km; dénivelé : 171 m ; pente maximale : 20 % avec comme récompense un panorama à 360°
– Le pic de Tantajo (518m), long de 4.6 Km, pour 292 altimètres ; pente moyenne : 6.3 %…..le dernier km à15% avec un 39/25, dur-dur !!!
Pour arriver au st. Baudille, nous avons dû enchainer le pas du Coulet (444m), puis le pas du Coulet (621m) et le col du Vent (703m)
– Le St. Baudille, le dernier km à 11%, bien et surtout le panorama là aussi superbe.
Et pour compléter la journée, 10 cols, pour un total de 284km et 3498m de dénivelé.
Le dimanche 20 avril :
6 cols et 83km avec 1341m soit un total pour les traces de 367 km et 4839m de dénivelé et 16 cols.quelques cols de plus à faire homologuer au club des « Cent cols »
Le mistral ne nous a pas trop gênés, nous nous sommes faits plaisir à gravir tous ces cols et nous avons pu voir de superbes paysages Cela juste pour se maintenir en forme.
Nous sommes allés faire homologuer les cartes de route de notre Trace à Saumane.le ciel était menaçant.
Le lundi : pour décontracter un peu les muscles 107km et 1211m de dénivelé à Pernes les Fontaines.
Et pour finir en beauté, le mercredi avec le toboggan du Ventoux en Randonnée Permanente8 cols 164 km et 2592m de dénivelé.