Depuis que la bicyclette a été équipée de roues rondes pour en faciliter son utilisation, Pâques a été doté de traces, communément appelé Traces Pascales, pour occuper utilement le week-end à rallonge des cyclotouristes (l’expression Traces, venant des traces laissées par les roues en bois sur les chemins, pas en bois eux, mais en terre de l’époque (mais je ne sais pas laquelle). Il a été décidé quelques temps plus tard que le lundi serait férié parce que certains, moins rapides que d’autres, n’avaient pas le temps de boucler leur Trace en 2 jours. Merci aux cyclos pas trop rapides.
Comme quoi, on se fait parfois des idées sur l’origine des fêtes religieuses et sportives !
Et, cette année encore, notre grand Maître es Traces du CSPA, je veux bien sûr parler de notre Ami André, sans qui je n’aurai pas eu l’occasion de vous faire ce petit rappel sur cet épisode historique encore trop méconnu (mais qu’apprend-on à l’école?) va nous organiser de superbes parcours qui doivent conduire quatre équipes dans un village provençal mondialement connu dans toute la France (allez savoir pourquoi?).
Et l’affaire n’est pas si simple ! Entre l’indisponibilité des uns, le désistement des autres et surtout satisfaire les affinités de certains et autres demandes d’arrangements, le pauvre André a de quoi s’arracher les cheveux (heureusement, contrairement à moi, il en a en réserve). Finalement, il ressort de tout ça quatre équipes de six cyclos chacune : une équipe de costauds et trois un peu moins rapide, tout en étant un peu rapide quand même, mais un peu moins costauds que les costauds puisque un peu moins rapides.
Vous suivez ?? (N’oubliez pas que grâce aux « un peu moins rapides » nous ne travaillons pas le lundi de Pâques) et 3 parcours magnifiques autour du mont Ventoux au départ d’Aix jusqu’à Buis-les-Baronnies pour la 1ère journée et de Buis – Gigondas pour la deuxième.
Je vous passerai les entraînements intensifs, limite commando de tortues sur un marathon, effectués sur des jours de congé, samedi , dimanche, jours fériés et autres, les modifications de parcours, les décalages dus à la météo, bref une occupation à temps complet et même plus (les heures sup doivent impérativement être envoyées avant la fin du mois à notre charmante trésorière qui se fera un plaisir de les refuser). Un petit mot sur la journée du vendredi concernant les tergiversations météorologiques qui ont littéralement fait exploser ma boite mail. Devant l’incertitude persistante de la météo, une liste impressionnante de mails, que je n’ai pas pu tous ouvrir parce qu’à un moment tout s’est bloqué, m’a fait prendre conscience du désarroi de tous devant une décision cruciale à prendre et qui peut avoir des conséquences désastreuses pour celui qui se loupe. Nous verrons ça plus tard. Finalement, la solidarité l’emporte et tous les messages intitulés « Retraces pascales et pluie dimanche » se débloquent (ouf, j’ai eu chaud) et, du coup, j’ai de la lecture pour l’après-midi.
Au cours de la première journée, j’ai été abordé par ma capitaine de route qui me remet discrètement une épaisse enveloppe pour écrire un article sur notre équipe dans votre revue préférée éditée selon les dernières sources officielles à 1 500 000 ex. Après avoir jeté un coup d’œil rapide à l’intérieur, j’accepte.
J’en viens donc à mon équipe et à quelques heures plus tôt. Josette, capitaine de route, Stéphanie et ses sacs « carrefour » plein les poches, Christian, prêt à décabosser nos vélos si jamais… Alain le pur grimpeur intenable à l’approche de la moindre bossette, Jacques, un peu devant, un peu derrière, un peu au milieu, un peu partout en fait et moi, le bon à pas grand-chose à part écrire des c….. pendant 3 ou 4 pages, formons une des trois équipes des « un poil moins rapides mais quand même ».
Nous avons rendez-vous samedi matin à 6h50 aux Platanes pour un départ à 7h15 ou quelque chose comme ça. Tout guilleret à l’idée de cette belle journée qui s’annonce, j’enfourche mon vélo et, 300 ou 400 m plus loin, pchiiii la roue avant se dégonfle. J’ai roulé dans du verre. Retour au garage, réparation, coup de fil à ma cheftaine (oui, je fayote) et j’arrive en retard.
Tout le monde est parti sauf l’équipe d’André qui ne va pas tarder à le faire. Un café avalé à la va-vite me donne le hoquet et hop, c’est parti. Le hoquet m’accompagne pendant une ½h quand je m’aperçois que, en fait, ce n’est pas le hoquet qui me fait sauter sur le vélo mais la roue avant qui, remontée à la hâte, ne tourne pas tout à fait rond. Bien sûr je ne m’en vante pas et, à la première halte prostate, j’arrange très discrètement ça. Et c’est reparti ni vu ni connu ! Finalement, je pense que je n’ai jamais eu le hoquet.
Et nous roulons, silencieux, dans la fraîcheur matinale d’une belle journée de mars. Les travaux de Pertuis vont nous permettre de faire une visite non guidée mais très ludique des rues piétonnes de la ville où nous passons, repassons et re-repassons jusqu’à ce qu’une sortie se présente gentiment pour nous libérer (et 3 km de plus !).
Ballade au pied du Lubéron, montée tranquille sur Bonnieux et arrivée à Apt à l’heure du café mais avec son marché de renommée internationale, c’est un vrai b… pour trouver un bistrot. Et finalement, coincé entre des étals de paniers, de parfums à la Lavande, de charcuterie et de sous-vêtements pour femmes très fortes (impressionnant !) nous apercevons l’équipe de Françoise et faisons café commun au milieu d’un enchevêtrement de chaises, tables, vélos et autres consommateurs qui nous considèrent comme des envahisseurs plutôt emmerdants et très peu civilisés.
Et la route reprend. D’abord à pied pour traverser cet interminable marché puis, quand même, un peu sur le vélo pour la suite. Et nous pédalons, pédalons, pédalons (50 coups/min pour les spécialistes) dans cette campagne baignée par un chaud soleil printanier, chacun absorbé dans des pensées aussi mystérieuses qu’impénétrables. Les kilomètres s’égrainent, ponctués d’arrêt pipi, de séances de déshabillage au gré des montées et de rhabillage au gré des descentes pour nous mener à Sault qui nous sert de pauserepas. Encore une fois, nous rencontrons l’équipe de Françoise installée confortablement en terrasse, sandwich à la main. Toutes les places étant occupées, nous trouvons refuge dans un petit resto avec vue sur le Ventoux et là, au soleil, chacun trouve son compte. Plat de pâtes, entrecôtes, simple sandwich font notre bonheur et notre bonne humeur. Moment de convivialité, discussion avec d’autres cyclos qui descendent du Ventoux et il est temps de repartir, quelques kilomètres restant encore à faire. Au sortir de Sault, nous tombons (sans nous faire mal) nez à nez sur l’équipe des costauds qui, ne sont pas là pour … chercher les œufs de Pâques cachés dans la nature!!
Après quelques centaines de mètres de vie commune, nos routes se séparent, eux, spécialement formatés pour ça par un entraînement intensif comparable à celui pratiqué par les marmottes en plein hiver, vers les pentes vertigineuses et inaccessibles au commun des cyclos du redoutable col des Abeilles, et nous, vers la descente tranquille mais toujours aussi magique des gorges de la Nesque. Bonne route à vous et à ce soir !! Arrêts panoramiques, photos, descente cool pour profiter au max nous mènent dans la vallée et Malaucène via le petit col de la Madeleine.
Dernier arrêt pipi/ravitaillement, avant de repartir direction Buis-les-Baronnies qui n’est plus très loin, chacun ayant hâte d’en terminer malgré un parcours relativement facile et tellement beau sous cette tempête de ciel bleu.
On s’imagine sous une bonne douche bien chaude avant d’aller boire un verre réparateur en ville et une question revient invariablement sur toutes les lèvres: Quel temps va-t-il faire demain ?
A l’hôtel, un superbe cloître franciscain, où nous sommes les bons derniers à arriver, nous retrouvons nos affaires qui, sans la disponibilité et la gentillesse d’Alain CONTI seraient sûrement restées sur la place de Venelles où nous devions les laisser, et nous, de baigner toute la soirée dans notre jus de la journée ! Beurk , beurk !! Alain, sur ce coup tu as été notre sauveur ! Merci.
Petite balade dans Buis, très charmante petite ville aux maisons en pierres apparentes, arcades abritant des commerces d’artisanat souvent local et je tombe (encore une fois) au détour d’une rue, sur les équipes de Florence et Françoise affalées dans des fauteuils des plus confortables, en train de siroter pastis, bières ou Perrier. Je m’installe avec eux pour profiter de la quiétude de cette fin d’après-midi printanier avant de rejoindre le reste de la troupe pour le repas du soir. Repas animé s’il en est grâce aux pitreries de Thierry qui se surprend lui-même de tout ce qu’il peut raconter. Il a des talents de clown insoupçonnés cet homme !! Rires et bonne humeur remplissent la pièce au grand désespoir des tables voisines qui ne s’entendent même plus parler. Une petite promenade digestive pour certains, sûrement la chambre pour les autres et bonne nuit les petits et à demain 7h00 au petit déjeuner. Mais les cloches de la ville ne l’entendent pas de cette oreille et, juste au moment de s’endormir se mettent à sonner pendant un bon quart d’heure. Ce n’est pas possible, le bouton est bloqué sur ON.
Dimanche matin, 45 km pour rejoindre l’arrivée finale à Gigondas si possible avant la pluie qui elle aussi a choisi exactement le même itinéraire alors que ce ne sont pas les routes qui manquent dans la région. Départ tous ensemble vers une dernière petite difficulté, le col de Propiac, je crois, que tout le monde passe sans problème et dans la descente, arrêt… non non pas pipi, mais K-way.
La pluie, solidaire des traces Pascales, viendra nous accompagner jusqu’à l’arrivée pour nous récompenser de nos efforts.
Et ce sont des milliers de cyclos qui trempés arrivent en masse à la salle des fêtes de Gigondas en quête d’un peu de chaleur, de boissons chaudes et autre collations.
La pluie gâche la convivialité de la fête, chacun ne songeant qu’à récupérer ses affaires et rejoindre les voitures direction la maison.
Mais pour certains de chez nous la galère ne fait que commencer. Ils rentrent à Aix en vélo soit encore 100-110 km (vous vous souvenez du vendredi après-midi?).
Si, à l’heure où vous lisez ces lignes, certains n’ont pas encore donné signe de vie, n’hésitez pas à déclencher les recherches. Il ne sera peut-être pas encore trop tard. En tout cas, bon courage et bonne route !!
Félicitations aux cheftaines qui, malgré l’indiscipline de certains, ont su ramener tout le monde à bon port dans une très bonne ambiance.
Félicitations à tous les équipiers pour avoir encaissé sans broncher les foudres de leur cheftaine.
Et surtout BRAVO André toi qui, très bien encadré par toute ton équipe paré d’une vigilance de tous les instants, a terminé une fois de plus une trace pascale.
Je devais écrire un texte sur la trace de mon équipe et, finalement, à la lecture de tout ça, personne ne sait trop comment ça s’est passé, ni où nous sommes vraiment passés.
Ma cheftaine ne va pas être très contente mais ce n’est pas grave, j’ai déjà encaissé le contenu de l’enveloppe !
Amicalement
Jean-Pierre Clottes(Cyclo Sport du Pays d’Aix-en-Provence)
Si vous lisez ces pages jusqu’au bout, c’est que franchement, vous n’avez pas grand-chose à faire et vous avez perdu votre temps, et si vous vous arrêtez en cours de lecture vous risquez de manquer le plus passionnant ce qui pourrait être préjudiciable pour votre culture personnelle.
A chacun son choix.
P.S.
J’ai quelque peu revisité l’histoire des traces de Monsieur VELOCIO mais je pense qu’il ne m’en voudra pas trop, tout le monde connaissant et respectant la vraie histoire.